iBooks Author, la réaction d’un auteur autoédité

David Forrest Ebooks IDBOOXApple a annoncé le lancement de l’application iBooks Author permettant aux éditeurs et aux auteurs de publier des livres numériques (ebooks) enrichis. Cette plateforme est selon Apple, dédiée aux manuels scolaires numériques, mais dans l’absolu, tout le monde peut l’utiliser. Cette annonce a suscité de nombreux remous chez les professionnels du livre (auteur, éditeurs, distributeurs). IDBOOX entame une série de plusieurs articles où nous vous transmettrons tour à tour la réaction d’un éditeur d’applications de livres enrichis, d’un distributeur de livres numériques utilisant iBooks, d’un éditeur pure player. Pour débuter notre série, la parole est donnée à David Forrest, auteur à succès qui publie seul ses romans numériques.

« Si je manque pour le moment de recul sur l’annonce d’Apple sur iBooks Author, je reste assez circonspect, même si j’avoue ne pas avoir eu l’occasion de m’y essayer… et ne pas être forcément à même de juger légitimement ! 

En premier lieu, j’ai peur que cela enferme à mon sens plus encore les utilisateurs dans un écosystème vertical. Plus encore qu’Amazon, ne serait-ce que parce qu’iBooks Author  n’existe-en tout cas pour le moment – que sur Mac OS.
Mais après tout, éditer sur l’iBookstore via iTunes Connect c’était déjà possible que sur Mac. C’est dans la logique stratégique des choses. C’est d’ailleurs là la grosse distinction entre les deux plateformes iBooks et Kindle, cette dernière, bien que liée à du matériel Amazon, est toujours accessible sur la majorité des supports aussi concurrents soient-ils : PC, Mac, iDevices, Tablettes et smartphones Androïd…

Mais surtout, les livres créés sont à un nouveau format propriétaire, .ibook, même s’il semblerait que la conversion vers l’epub3 soit partiellement possible (je dis bien partiellement, car des fichiers ibook décortiqués par des utilisateurs présentent un CSS avec des propriétés spécifiques incompatibles). Et au final, les fichiers créés ne sont commercialisables que sur l’iBookstore. Le constat est d’ailleurs le même pour le format kf8 d’Amazon.

Bien que les propriétés augmentées de livres ne sont pas pour un auteur de romans une priorité (même si j’ai des projets de livres augmentés en parallèle des ebooks simples), ce secteur va certainement – et doit, à mon avis, prendre de l’importance et devenir une vraie alternative, un complément au livre numérique “traditionnel” (tout comme ce dernier l’est pour le livre papier). Là où les choses sont plus intéressantes, c’est forcément du côté des manuels et de la presse. Personnellement, je vois plutôt l’initiative d’Apple comme un premier pas vers cette voie qui va indubitablement se généraliser. Du moins lorsqu’il sera possible, notamment pour la presse, de monter des projets dissociables d’un unique revendeur, Apple ou Amazon pour ne citer qu’eux.

Quant à ce que cela peut apporter à des auteurs auto-édités, je reste sur les mêmes positions : enfermer un auteur dans une boutique unique, dans un format propriétaire qui ne peut apparemment pas être décliné à l’identique sur d’autres plates-formes… est-ce vraiment une bonne chose ?

J’attends donc plutôt l’avènement de l’epub3 (en gardant aussi un œil sur Adobe, son Digital Publishing et ses PDF enrichis, qu’il ne faudrait peut-être pas oublier pour bien des supports), qui je pense décloisonnera cela. Cela n’engage que moi, mais je me demande si Apple vise de démocratiser le manuel électronique ou d’imposer ses plates-formes dans de nouveaux secteurs comme l’éducation…
Bref, je suis à 200% pour le manuel électronique et le livre enrichi sur tablette… mais pas uniquement sur iDevice. Ou Kindletruc, etc. Quand j’évoquais la “démocratisation”, c’est plutôt dans cette optique. J’aime bien mon indépendance numérique, que voulez-vous… »

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3 réflexions sur “iBooks Author, la réaction d’un auteur autoédité”

  1. Je travaille sur un ouvrage numérique pour L’iPad. Mais iBook autorités me restreint dans ma propriété. Donc, je travaille mon manuscrit avec Scrivener, une très bonne application et qui permet d’exporter dans divers formats dont iBook autorités, mais aussi ePub et autres formats propriétaires ou non. Scrivener travaille aussi en tandem avec Papers 2 pour la base bibliographique. En phase finale, je pourrais me diriger vers la totalité des offres de distribution. Cela me permet également de gérer plus facilement les mises à jour et les versions. C’est aussi l’avantage du livre numérique.

  2. L’esperanto n’est pas pour demain. On est dans un processus où Apple, Amazon et tous les autres veulent faire de l’argent et enfoncer leur concurrents. La question est : Puis-avoir une infime partie du gâteau ? Et si oui à quel prix ? Il y a plein de trucs qui me font chier avec Epub, avec Kindle (le dernier il n’accepte pas des fichiers > de 50 MO), avec PDF, avec Androïd, avec les écrans de 6 ou 10 pouces, en noir et blanc et en couleurs (moins). Mais si je veux être lu alors il faut passer par les fourches caudines des uns et des autres. Accepter des compromis et perdre du temps. On est libre d’accepter ou de refuser, c’est le business. Sans parler du papier ;-))))

  3. Je vous invite à lire un article que j’ai publié il y a un an sur les prétentions sécessionnistes d’Apple.
    http://www.schizodoxe.com/2011/02/15/la-suburbanisation-de-linternet/
    Cette application me semble aller encore plus dans ce sens, en voulant faire rentrer dans sa petite forteresse non plus seulement les utilisateurs, mais aussi les producteurs de contenu. Du contenu apple, pour utilisateurs apple, et ce, toujours sous l’oeil bienveillant de son soft-power.
    Apple s’enferme de plus en plus, et entraine avec lui ses aficionados.

    Bonne continuation à idbooks

    Dalhia de SDX

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