Cette histoire en un tome, publiée aux éditions Drakoo, sortira en librairie le 29 septembre.
Coécrit par Aurélie Wellenstein (Le Roi des Fauves, Le Dieu Oiseau) et Olivier Boiscommun, La Baleine blanche des mers mortes est un titre engagé d’une beauté terrible. Nous avons pu nous entretenir avec Aurélie au sujet de ce récit écologique poignant.
Ce que nous en avons pensé
Dans cet univers fantomatique, les humains tentent de survivre comme ils peuvent (voir le résumé ci-dessous).
Les deux protagonistes nous sont présentés, et on les situe rapidement comme étant à l’opposé l’un de l’autre : Chrysadora, douce et éthérée; Bengale, sombre et distant. Pour autant, leur passé nous est inconnu.
Entre les nombreux détails apportés par le trait d’Olivier Boiscommun et l’utilisation de la couleur (aquarelle) – magnifique –, les planches dégagent une étrange poésie teintée de cruauté. On se laisse transporter dans ce Paris dévasté et, petit à petit, on découvre comment le monde en est arrivé à ce stade de destruction.
On voit nos « héros » se rapprocher et se découvrir mutuellement, alors que Chrysaora va aider Bengale à se trouver.
La Baleine blanche des mers mortes est une lecture dont on n’arrive pas à se détacher, et qui apporte avec elle cet espoir d’une vie meilleure.
Rencontre avec Aurélie Wellenstein
Vous êtes l’autrice de romans et de nouvelles, mais c’est votre première bande dessinée si je ne me trompe pas ! Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire pour la BD? Était-ce un projet dont vous rêviez depuis longtemps?
Oui ! En fait, j’ai longtemps hésité entre l’écriture et le dessin. Je passais de l’un à l’autre. Quand j’étais adolescente, je dessinais des BD. C’était la période où on découvrait Katsuhiro Ôtomo en France. Je lisais « Rêves d’enfants » et « Akira ». Puis j’ai pressenti que – dans mon cas – je n’arriverai pas à me perfectionner à la fois en écriture et en dessin. Je devais choisir un média. Pendant des années, j’ai pratiqué l’écriture romanesque afin d’incarner les histoires qui surgissaient dans ma tête. Quelle chance et quel privilège de pouvoir revenir à la BD aujourd’hui grâce au talent d’un artiste tel qu’Olivier Boiscommun !
A l’origine, il s’agit d’un roman du nom de « Mers Mortes ». Avez-vous trouvé certaines parties du processus d’écriture pour la bande-dessinée étranges, ou difficiles à adapter? Comment s’est passée la collaboration avec Olivier Boiscommun?
C’était un sacré défi technique. À vrai dire, je n’étais même pas sûre que ce soit possible… Il s’agit de dessiner des mers fantômes qui déferlent sur Paris, de les peupler d’animaux spectraux et pour rajouter à la difficulté… de mettre en scène une baleine ! c’est-à-dire un personnage immense que l’on doit faire évoluer naturellement à travers les cases de la BD.
Olivier Boiscommun a relevé le défi avec brio. Là où l’imaginaire du roman était sombre, dans des teintes plutôt grises, il a fait le choix de la couleur, de la flamboyance, de plans gigantesques, et le résultat est spectaculaire !
Olivier travaille en couleur directe, à l’aquarelle, ce qui permet des effets de transparence et de lumières, lorsque les spectres d’animaux marins éclairent les profondeurs marines ou quand des milliers de bougies illuminent l’opéra.
En ce qui concerne notre collaboration, nous avons beaucoup échangé et partagé notre vision autour de l’histoire. Olivier a investi toute sa sensibilité et sa subjectivité. Nous avons travaillé sur les personnages, notamment, le physique, mais aussi les vêtements, les accessoires… Tous les détails comptent à l’image.
Vous qualifiez votre roman – et votre BD – comme des œuvres « engagées », pouvez-vous nous expliquer pourquoi?
La fantasy est intéressante pour cela, car elle permet d’esquisser un pas de côté. Nous ne sommes ni documentaristes ni journalistes. Nous allons raconter une histoire avant tout.
Pourtant, La Baleine blanches des Mers mortes , sous le couvert de son postulat SF (la « mort » des mers et des océans, et leur retour sous forme de fantômes vengeurs) ne fait que traiter des problèmes actuels : pollution surpêche, maltraitance… Si je vous dis que l’on estime le nombre de poissons pêchés chaque année à 1 000 milliards, c’est terrible, mais difficile à concevoir. On peine à se représenter la réalité d’un chiffre aussi énorme.
Le récit de fiction va vous parler de cela, mais en se focalisant sur quelques personnages, sur une histoire, et susciter – on l’espère ! – une émotion. Nous invitons également le lecteur à épouser le regard animal.
En bref, notre objectif est de frapper l’imaginaire du lecteur et par là-même de l’amener à se questionner à travers une histoire, sans être démonstratifs ou moralisateurs.
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Résumé éditeur
Bengale erre dans un monde aride, déserté par la mer, où les hommes sont hantés par les océans qu’ils ont condamnés. Lors de terribles marées fantômes, ils sont pris pour cible par les spectres des animaux marins, revenants vengeurs. Arrivant dans un Paris de fin du monde, Bengale rencontre Chrysaora, une troublante jeune femme qui danse avec les méduses. Ils trouvent refuge à l’Opéra Garnier où un chef d’orchestre tente de communiquer avec une grande baleine blanche.
Jour après jour, les musiciens jouent pour elle : le chef d’orchestre espère ainsi récupérer l’âme de son fils, qu’il voit briller dans le corps du cétacé spectral. Mais Bengale et Chrysaora sont-ils bien ce qu’ils semblent être ?
Photo courtesy Copyright Philippe Ruelle