Amazon a lancé sa librairie de livres numériques depuis 2 mois. Dans l’univers Kindle du site marchand, une partie est dédiée aux forums de discussion entre internautes. On y parle de tout, des dernières mises à jour du lecteur de livres électroniques, des problèmes de transfert de fichiers etc. 2 discussions ont attiré notre attention sur le prix des livres numériques. Une discussion s’intitule : « Prix prohibitif des livres sur Kindle !!!!!!!!!!!!!! » et l’autre « Contre les prix trop élevés des livres électroniques ».
Sur ces forums, les personnes s’insurgent non pas contre Amazon mais contre les éditeurs qui selon eux pratiquent des prix trop chers. Un internaute donne notamment l’exemple du ebook : Le Serment des limbes de Jean-Christophe Grangé prix Kindle(26€) prix broché(24€). Un autre internaute s’exclame : « Editeurs, révisez votre politique de prix car cette technologie est en marche et il ne faudrait pas rater le rendez-vous!!! ». S’en suivent des échanges très sensés sur le fait que ce n’est ni Amazon, ni les librairies, ni les auteurs qui fixent les prix mais bien les éditeurs.
Loin de nous l’idée de jeter la pierre aux éditeurs, mais si l’on désire que ce marché du livre numérique décolle enfin en France il va falloir revoir un peu les copies. Les études indiquent toutes que les adeptes de la lecture numérique ne veulent pas dépenser autant pour un ebook que pour un livre imprimé. Si l’on pirate, c’est également en partie parce que le prix est trop cher.
Mais ce qui ressort aussi de ces forums, au-delà de la problématique du prix, ce sont les demandes sous-jacentes des lecteurs. Certains trouvent que les résumés ou les extraits ne sont pas en nombre suffisants, d’autres que l’offre n’est pas assez étendue. Certains cliquent même systématiquement sur le bouton « Aimeriez-vous lire ce livre en version Kindle ? » pour essayer de convaincre les éditeurs d’étendre le catalogue numérique.
Alors, les éditeurs devraient peut-être consacrer un peu de temps à lire ce qui se dit dans ces forums, à prendre le pouls car la satisfaction du lecteur est un enjeu crucial pour les prochaines années. Les éditeurs Pur Player l’ont compris, ils communiquent généralement avec leurs lecteurs, ce serait une bonne chose à mettre en place dans les maisons ?
J’ai le même regret, un ebook devrait être en dessous ou très proche du prix d’un livre de poche. C’est se moquer des lecteurs. Mécontente, comme bon nombre, je sais ce qu’il me reste à faire…quel gâchis.
Mon épouse et moi avons acquis chacun notre liseuse Kindle.
Le prix moyen d’un ebook se situe entre le prix du même livre en poche et celui du livre à sa sortie. C’est un scandale.
Une fois encodé, un ebook ne coûte plus RIEN. il suffit de l’envoyer par le net. Même pas le prix d’un timbre !!
Si les éditeurs veulent tuer l’ebook, qu’ils continuent à pratiquer ces prix prohibitifs. Les amateurs se tourneront vers les sites pirates qui pullulent.
A 3 ou 4 EUR l’ebook, plus personne ne piratera…. et les éditeurs en vendront 100 ou 1000 fois plus. J’ai parfois du mal à cerner la politique commerciale des vendeurs.
Vendre 10 ebooks à 18 EUR ou 100 ebooks à 4 EUR, il ne faut pas avoir fait Math sup pour se rendre compte de la différence….
Sur ce sujet, voyez ce qu’en pense Mark Coker, fondateur de la plateforme d’autopublication et diffusion numérique Smashwords:
Les éditeurs traditionnels se trouvent dans une situation difficile. Ils tentent de maintenir leurs ventes et leurs bénéfices, mais leurs clients s’attendent à ce que les Ebooks soient bien meilleur marché que les livres imprimés. Chez Smashwords, le prix moyen des livres numériques a chuté de 4$95 il y a deux ans à 2$95 aujourd’hui. Telle est la tendance. Le prix des Ebooks publiés par les éditeurs traditionnels va chuter parce que c’est ce que veulent les consommateurs.
Avec l’offre de livres numériques qui augmente, cela va créer une surabondance. Auteurs et éditeurs vont se livrer à une concurrence sur les prix. C’est un classique de la loi de l’offre et de la demande dans l’économie. La solution, pour les éditeurs, représente un vrai défi: ils doivent réduire drastiquement leurs structures de coûts de manière à pouvoir vendre des Ebooks à bas prix de manière profitable.
Il faut cependant rendre hommage aux éditeurs en soulignant que les meilleurs d’entre eux sélectionnent de bons livres et en fond de grands livres. Les consommateurs, les lecteurs, seront toujours d’accord de payer pour un livre de valeur, pour autant que son prix reste raisonnable.
Les éditeurs français, en particulier, manifestent une forte résistance à l’endroit de la montée en puissance du livre numérique. Ils ont même réussi à faire voter une loi leur permettant de fixer un “prix unique du livre numérique” que les détaillants doivent respecter. Peuvent-ils tenir longtemps cette position ? Et vous attendez-vous à des faillites, fusions et autres formes de consolidation dans l’industrie française de l’édition ?
Je ne suis pas un expert de l’industrie française de l’édition, mais je sais qu’à chaque fois qu’un secteur économique doit faire face à une rupture de son modèle d’affaires en raison de l’apparition d’une nouvelle technologie, une consolidation est souvent la conséquence de cette nouvelle situation lorsque les acteurs faibles de ce secteur sont menacés, ou éliminés. Les éditeurs américains ont subi une sérieuse consolidation dans les années 80 et 90, et je pense qu’une nouvelle vague est probable ces prochaines années pour ceux qui ont des difficultés à réussir leur transition dans le monde digital.
Je pense vraiment que les éditeurs et les auteurs qui s’autopublient doivent avoir la liberté de déterminer le prix de leurs produits. Dans un écosystème de marché libre, si l’éditeur ou l’auteur fixe un prix trop élevé, les consommateurs – qui ont un accès sans entrave au numérique – migreront vers des choix plus favorables et les puniront en n’achetant pas leurs produits. Les gens lisent pour leur plaisir, pour se cultiver ou s’évader, et avec le numérique, il y a toujours des alternatives meilleur marché.
La plupart des gens pensent que le livre imprimé va survivre, mais personne ne sait dans quelle proportion par rapport au livre numérique. Votre prédiction ?
Ma prédiction est que, dans dix ans, les livres imprimés compteront pour moins de 10 % dans l’ensemble du marché du livre. En tant que collectionneur de livres imprimés et d’amoureux de la chose imprimée, j’espère que les livres ne disparaîtront jamais.
D’autres réflexions de Mark Coker sur les perspectives du numérique dans une interview exclusive ici: http://www.florianrochat.com/blog.htm
Le Serment des Limbes est à 18€. Les prix ne correspondent pas. L’information est incorrect.