Le livre numérique s’installe tout doucement dans les habitudes de lecture des français. Les professionnels commencent à maîtriser le sujet épaulés notamment, par la Commission numérique du Syndicat national de l’édition (SNE). Lire la suite de l’interview cliquez ici
Plusieurs dossiers déterminants pour l’avenir des ebooks sont en train d’être traités, il était donc temps de faire le point en cette rentrée de septembre.
Flore Grainger-Piacentino, est chargée de mission au sein de la Commission numérique du syndicat, elle nous accompagne dans ce tour d’horizon en deux volets. Rendez-vous mardi 13 septembre pour la seconde partie de cette interview.
Quel est le rôle de la Commission numérique du SNE ?
Le Syndicat national de l’édition est l’organe professionnel représentatif des éditeurs français. Avec plus de 660 adhérents, il est organisé en groupes représentant tous les secteurs de l’édition et en commissions qui travaillent sur des problématiques transversales, juridiques, économiques ou sociales…
Dans ce contexte, la Commission numérique déploie ses activités autour de trois axes lobbying, technique et événementiel. Elle prend position sur des dossiers aux enjeux politiques et économiques liés au déploiement du numérique, sans distinction de secteurs (grand public, professionnels et scolaires).
Pour ce faire elle travaille en étroite collaboration avec les autres commissions du SNE, notamment juridiques et économiques, les syndicats et organismes de la chaîne du livre, de même qu’avec les représentants des pouvoirs publics.
Son objectif est également de contribuer à l’évolution et à l’adoption par les éditeurs de standards dans un souci constant de performance du marché, en promouvant la qualité des contenus d’une part (formats des livres) et celle des flux entre les maillons de la chaîne (métadonnées).
Enfin, elle a un rôle de diffusion de l’information auprès de nos adhérents. Au relais d’information par email, sur le site internet et en réunions s’ajoute un temps de formation et de débat pour tout le secteur du livre avec la journée professionnelle des Assises du livre numérique.
Dans les faits, chacune de ses actions mêle intrinsèquement enjeux politiques, technologiques et pédagogiques.
Quels sont les 5 dossiers prioritaires concernant le livre numérique selon vous pour 2016-2017 ?
Plusieurs dossiers qui ont été initiés ces dernières années vont gagner en ampleur en 2016-2017. Le droit d’auteur en premier lieu, est menacé par plusieurs directives contenues dans le projet européen « Digital Single Market ».
Trois autres dossiers devraient connaître cette année de belles avancées, grâce à la mobilisation forte des éditeurs et de l’interprofession : la promotion de l’interopérabilité, l’accessibilité des livres aux personnes aveugles ou malvoyantes, et la vente de livres numériques hors métropole.
Enfin il y a des projets importants des années précédentes qui sont toujours en cours : le prêt numérique en bibliothèque, la commercialisation numérique des œuvres indisponibles du xxe siècle, la TVA réduite pour le livre numérique et le dépôt légal à instaurer pour le livre numérique.
Vous travaillez beaucoup sur l’interopérabilité des ebooks pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Depuis le déploiement du marché du livre numérique, aux Etats-Unis, en Europe puis dans les autres continents, les éditeurs ont fait le choix de se tourner vers le format ePub.
C’est un format développé par et pour le monde du livre, qui évolue au gré des besoins des projets éditoriaux. Il est de surcroît pérenne car basé sur les langages du Web. C’est enfin un standard ouvert que tous les libraires peuvent commercialiser. Les grands opérateurs utilisent cependant leurs propres formats : ils n’apportent pas de fonctionnalités supplémentaires par rapport à l’ePub, mais ils enferment le lecteur dans leur environnement.
Concrètement, un livre numérique acheté chez Amazon ne peut être lu que sur des terminaux ou via des applications Kindle, et un livre acheté en ePub chez un autre vendeur ne peut pas être enregistré dans une bibliothèque Kindle.
Si l’on veut préserver la diversité des acteurs, ne pas avoir un seul point de vente qui décide de la mise en avant des titres pour les lecteurs du monde entier, il est crucial de permettre au lecteur d’avoir accès à un format standard qui offre la meilleure expérience de lecture possible et donne envie d’acquérir ses livres auprès de différents libraires. C’est l’objectif de l’interopérabilité : donner la même liberté au lecteur dans le monde numérique que dans le monde physique.
C’est pourquoi le SNE s’est engagé très fortement pour l’accueil du laboratoire EDRLab à Paris. Il a dans ses missions prioritaires le développement des outils qui vont permettre l’adoption rapide de l’EPUB 3 ainsi que celui d’un système de DRM permettant une meilleure expérience utilisateur que celle actuellement utilisée le plus couramment.
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