Édité par Casterman et sorti le 7 octobre, “L’Année de Grâce” de Kim Liggett est un roman dystopique, estampillé « féministe » sur son bandeau, qui prône la liberté de manière inattendue.
Dans le comté, la société est dominée par les hommes. L’année de leurs 16 ans, les jeunes femmes sont envoyées en « Année de Grâce » afin de dissiper leur magie en pleine forêt. Elles posséderaient un dangereux pouvoir qui attire les hommes et rend folles les femmes. Tierney, notre héroïne, est révoltée par le système dans lequel elle vit, et rêve de travailler dans les champs afin de gagner un semblant d’indépendance.
Personne ne parle de l’année de grâce
Pendant un an, elles devront survivre dans un camp rudimentaire, sur une île, alors que des braconniers tentent de les chasser pour récupérer leur peau (littéralement). Une fois l’année écoulée, elles rejoindront le comté et reprendront le cours de leur vie telle que cela a été décidé par les hommes avant leur départ (mariage, travail à l’usine ou aux champs, etc.). Enfin, si elles reviennent vivantes.
Le roman propose un récit intelligent, plein de rebondissements. Les personnages, nombreux, sont créés de manière nuancée et on les découvre tout au long du récit. bien qu’ils soient régulièrement laissés à l’abandon au profit de Tierney.
Souvent comparé La Servante écarlate ou Hunger Games, “L’Année de Grâce” a un fort côté puritain ; un contexte sociétal dans lequel la femme est l’ennemie de tous et doit être brisée. L’autrice a su créer un univers étouffant, bouleversant et malaisant (la position de la femme est contrôlée jusqu’à sa position sexuelle par exemple, (comme dans La Servante écarlate).
On ne revient pas indemne de l’année de grâce
“L’Année de Grâce” est un roman d’apprentissage, à l’image de son personnage central. On s’interroge sur la place de la femme dans cette société et dans la nôtre, le manque de solidarité qui peut apparaître lors de situations difficiles, et on ressent de l’espoir lorsque cette solidarité s’épanouit.
Si le rythme du roman est inégal, Kim Liggett semble en jouer avec le lecteur grâce à une écriture poétique et inspirante. Les seuls bémols viendraient de l’histoire d’amour et du personnage de Tierney, qui tombent parfois dans les clichés.
La fin quant à elle est plutôt finement amenée, promettant quelque chose de lent et discret, plutôt qu’un coup d’éclat, incisif.
“L’Année de Grâce” est une lecture intéressante avec un vrai message de solidarité sur sa fin.
Lecture conseillée à partir de 13 ans. Pour lire un extrait ou vous procurer le livre (papier ou ebook) Cliquez ici ou Cliquez ici
Marion Cochet-Grasset
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