Le 18 mars, le président d’Hachette Livre, Arnaud Nourry, était l’invité du plateau Buzz Média Orange-Le Figaro. A cette occasion, il a fait un point sur les ventes de livres numériques aux Etats-Unis mais également sur la position d’Hachette sur le prix unique de l’ebook en France. Les extraits marquants de cette interview.
Le livre numérique aux Etats-Unis et la place d’Hachette.
« En 2010, Le livre électronique représentait 8% du marché en valeur et 10% en quantité des ventes de livres outre-Atlantique. Deux ans avant cela ne représentait rien. C’est une croissance très forte, très rapide. » « Depuis le début de l’année 2011, cela a encore grimpé. J’ai lu dans la presse que cela représente près de 23% des quantités vendues sur les deux premiers mois de l’année. C’est à peu près ce qu’a fait Hachette. Nous sommes donc sur une progression très, très forte. ».
Les livres numériques empiètent-ils sur les ventes de livres physiques ?
« On retrouve la même liste de Bestsellers » «C’est très compliqué à analyser auteur par auteur, livre par livre. Mais ce qu’on peut observer aux Etats-Unis, c’est que l’année dernière le marché du livre était en légère baisse en valeur, mais en légère croissance en quantité avec une stabilité des grands formats, une baisse du poche et une explosion du numérique comme si le numérique remplaçait un peu le poche. Ce qui en terme de prix de vente n’est pas idiot. »
Hachette acteur de la bataille contre les vendeurs de livres numériques à prix cassés comme Amazon et Apple. µ
« C’est un réflexe peut être un peu français puisque en France depuis 1981, nous sommes sous le régime du prix unique. C’est l’éditeur qui fixe le prix de vente. Cela n’existe pas aux Etats-Unis et en Angleterre, ce type d’environnement juridique. On a souhaité, collectivement, j’allais dire mais cela c’est fait sans concertation. Nous avons souhaité avoir le contrôle sur le prix de vente des livres numériques pour éviter que les grands opérateurs mondiaux, Apple, Google, Amazon et peut être d’autres demain utilisent le livre numérique comme un produit d’appel pour vendre leur technologie. Les marges sur le hard (le matériel) sont tellement supérieures que ce n’était pas un modèle idiot pour eux mais mortel pour nous. Nous avons donc inventé le contrat de mandat ou le contrat d’agent qui est une formule juridique qui permet au fournisseur de donner mandat au revendeur pour vendre au prix qu’il souhaite. Une sorte de loi sur le prix unique mais sous forme contractuelle. C’est compliqué mais ça marche. Hachette a été au cœur de la modification de ce modèle économique. ».
L’extension de la loi sur le prix unique du livre aux plateformes opérant depuis l’étranger comme Apple ou Amazon.
« Bien sur, cela n’aurait pas de sens d’avoir une loi pour les opérateurs en France et que des opérateurs installés à l’étranger puissent ne pas respecter le prix unique et vendre à n’importe quel prix. Est-ce que juridiquement c’est facile de faire une loi qui s’applique en dehors du sol français ? Je ne suis pas un spécialiste, donc je ne me prononce pas. Si nous n’y arrivons pas, nous appliquerons le contrat de mandat que nous utilisons aux Etats-Unis avec les opérateurs installés en dehors du sol français. Pour ne rien vous cacher avec Apple qui n’est pas installé en France, nous avons un contrat de mandat pour être certain que ce sont nos prix qui sont proposés aux consommateurs. »
Les perquisitions effectuées par les inspecteurs de Bruxelles et la DGCCRF chez les éditeurs français.
« Il faut respecter le droit de la concurrence et considérer que la DGCCRF et Bruxelles ont le droit de faire des enquêtes sur un secteur d’activité lorsqu’ils soupçonnent une activité illégale. Il y a eu des exemples par le passé d’industries lourdement condamnées. Dont acte. Ce que j’observe, c’est que le marché du livre numérique en France, c’est 4 ou 5 millions d’euros et 60 personnes qui viennent de Bruxelles avec des méthodes très intrusives, ça paraît curieux compte tenu de l’enjeu. »… « Les ententes n’existent pas plus dans le numérique que dans le livre papier. »
Source : Le Figaro