Marco Ferrario, le directeur de la maison d’édition numérique 40kbooks, fait un état des lieux du livre numérique en Italie. 40kbooks est une société dynamique appartenant au groupe Digipub qui possède également la librairie numérique en ligne Bookrépublic. Spécialisée dans les fictions courtes et les essais, 40kbooks a une vision globale du livre électronique et propose sur son site des ebooks traduits en plusieurs langues (anglais, italien, espagnol, français et portugais).
Interview réalisée par ebooknewser.
Quel est le lecteur d’ebooks le plus populaire en Italie ?
Nous avons effectué une étude sur nos clients avant Noël 2010 et l’iPad est le lecteur le plus populaire (50%), suivi par le Kindle (16%) et le Sony Reader (13%). Certaines estimations indiquent qu’il y a 350 000 iPad en Italie, 35 000 Kindle, 20 000 Sony Reader et 50 000 autres lecteurs.
Le marché du livre numérique a démarré en Italie en septembre 2010 comme dans beaucoup d’autres pays européens. Après 8 mois nous avons près de 10 000 titres disponibles aux formats ePub, PDF et MOBI. Nous espérons en avoir 20 000 à la fin de l’année. Il n’y a pas de Kindle Store. Amazon.it est juste arrivé en novembre 2010. Mais cela arrive rapidement. Bookrepublic grossit en moyenne de 20% par mois depuis janvier . En avril nous enregistrons une augmentation de 35% par rapport à mars.
Comparé aux autres pays européens, l’Italie est derrière l’Angleterre (le Kindle est arrivé avec plus de 500 000 titres), l’Allemagne (plus de 100 000 livres numérisés) et la France (plus de 50 000 livres numérisés) mais légèrement en avance sur l’Espagne et la Suède ( 4 000 ebooks chacun). Le Kindle ne semble pas avoir le même impact sur les pays européens ne parlant pas anglais. Mis à part en Angleterre, dans tous les autres pays européens les livres électroniques comptent pour moins de 1% de l’ensemble du marché du livre en 2010. Cette année les prédictions sont entre 1 et 2%. Nous avons 3 ou 4 ans de retards sur les Etats-Unis et 1 ou 2 ans sur l’Angleterre.
Comment les italiens achètent-ils des ebooks ?
Il y a 150 000 à 200 000 personnes utilisant des tablettes de lecture et plus de 20 boutiques vendant des ebooks. Moins de 50 % des italiens lisent un livre par an, c’est donc un bon chiffre pour un marché vieux de 6 mois. Comme dans beaucoup d’autres pays, les gros lecteurs sont les plus attirés par les livres numériques en partie grâce aux baisses de prix et au côté pratique. Si les italiens n’achètent pas et ne lisent pas beaucoup de livres, ils aiment partager et discuter sur les livres sur des plates-formes d’échanges comme Anobii. Les 2/3 des ebooks disponibles sont des titres numérisés avec Adobe DRM, ce qui veut dire que 30 % sont vendus avec une protection. Les éditeurs indépendants ont réalisé que la distribution en numérique donnait de la visibilité à leurs livres et ils ont décidé de ne pas utiliser de DRM. Les lecteurs semblent apprécier cette politique.
Comment les éditeurs italiens perçoivent les livres numériques ?
Les 4 plus grands éditeurs en Italie détiennent 65% du marché du livre et contrôlent la distribution physique et les trois principales chaînes de vente des livres. Ils sont toujours très puissants mais il doivent faire face à deux nouvelles préoccupations : l’impact du virage numérique sur leur cœur de métier et les coûts de location auxquels ils doivent faire face en tant que distributeurs physiques et revendeurs dans un secteur d’affaires qui rétrécit. Ils ont de bonnes raisons de ne pas prendre le virage des livres numériques. D’un autre côté les petits et moyens éditeurs, qui ont toujours beaucoup souffert de la concentration de la distribution et des ventes, tenues par les plus grands éditeurs, voient la distribution numérique comme une grande opportunité.
Tous les livres sur notre boutique ont la même visibilité, qu’ils soient des bestsellers ou d’auteurs inconnus d’un petit éditeur. La politique d’utiliser des social DRM plutôt que les DRM Adobe, permet aux petits éditeurs d’avoir une plus grande part de marché qu’avec les livres physiques. En outre, il y a des éditeurs « tout numérique » qui font leurs premiers pas vers ce nouveau marché comme 40k.
Comment la distribution numérique transforme-t-elle la gestion des droits dans les pays ? Est-ce la fin ?
Nous pensons qu’il y aura des changements significatifs dans ce domaine dans un proche avenir. 40k Books traduit en 3 ou 4 langues et vend sur différents marchés. Nos auteurs sont intéressés par cette opportunité et dans plus en plus de cas nous constatons une augmentation des ventes aux Etats-Unis, en Angleterre et en Italie. Tant qu’Amazon ne s’est pas installé en Italie et que le marché reste petit, très peu d’éditeurs italiens sont concernés par le potentiel de ce changement des droits territoriaux. Les éditeurs indépendants doivent considérer cela comme une opportunité.
Source : ebooknewser
35 000 Kindle en Italie ?
Avec 0 titre en Italien au catalogue et Amazon implanté depuis septembre 2010 ?
20 000 Sony Reader en Italie ?
Avec seulement deux modèles en rayon (le touch et le poket) donc vendus depuis fin 2010 ?
Seulement 10 000 titres en Italien au global
Un CA ebook pour tout le pays de 5 millions EUR à fin 2010
Je ne dis pas qu’il est dans l’erreur mais que ces chiffres de readers me paraissent démesurés par rapport à l’offre italienne d’e-books disponible.
A contrario, l’iPad est une tablette multimédia servant à des millions d’autres choses qu’à lecture de livres et il me semble logique que ce soit le 1er lecteur d’ebooks.
Qu’en pensez-vous ?