Lors de la remise du rapport Lescure sur l’Acte 2 de l’exception culturelle à l’ère du numérique, Aurélie Filippetti et François Hollande se sont vu offrir une liseuse de livres numériques Kobo Glo afin de consulter le millier de pages du document dans un outil ne pesant que quelques grammes (lire notre article).
Jusque-là pas de souci. Mais lorsque les officiels ont présenté cette liseuse comme un produit français de bonne qualité, on ne pouvait que tiquer (voir la vidéo de Pierre lescure). En effet, les readers et tablettes Kobo sont vendues en France en partenariat avec la Fnac. Mais la marque canadienne, au départ, a été achetée en 2012 par le japonais Rakuten… Bourde !
Mercredi, le constructeur de liseuses françaises Bookeen (Cybook Odissey Frontlight et d’autres) réagissait dans notre zone commentaire par l’intermédiaire de Michael Dahan, Cofondateur et PDG de la firme : « M. Lescure, vous cherchez un champion hexagonal du livre numérique ? Pas besoin d’aller chercher au Canada ou au Japon. Il existe : Bookeen. » (lire le commentaire dans son intégralité).
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Michael Dahan a désiré s’exprimer plus largement sur IDBOOX à propos de cet épisode fâcheux, voici l’intégralité de sa déclaration : « On présente souvent le partenariat de la FNAC avec Kobo comme LA solution française pour répondre à l’hégémonie nord-américaine dans le domaine du livre numérique. C’est sûrement ce type d’analyse hasardeuse qui a finalement conduit un conseiller peu rigoureux à désigner Kobo comme une société française.
Le Kobo by FNAC, c’est avant tout le Kobo de Rakuten, un géant de l’Internet japonais pesant plus d’une dizaine de milliards d’euros.
Cette combinaison n’est pas beaucoup plus glorieuse que celle de l’anglais Waterstones avec Amazon. Beaucoup ont raillé ce mariage au Royaume-Uni, qui voyait une célèbre chaîne de librairies se résoudre à vendre des Kindle et entériner ainsi un rapide processus d’attrition de sa base client au profit de l’un de ses plus féroces concurrents. Un phénomène tout aussi vrai dans le cas de la FNAC.
Côté Bookeen, on défend un écosystème libre et ouvert. On collabore avec des acteurs français tels qu’ePagine, TEA ou Numilog et des libraires français tels que Cultura, Decitre, Le Furet du Nord, Virgin ainsi que de nombreux libraires indépendants.
Des libraires qui gardent l’intégralité de leur relation client en la prolongeant dans le numérique. Nous sommes indépendants et n’avons aucun agenda caché.
Côté excellence, d’autres acteurs étrangers ne s’y sont pas trompés. Pendant que le N°1 français choisissait un canadien, Thalia, le N°1 allemand avec près de 300 magasins, choisissait un français Bookeen.
Sommes-nous pour un protectionnisme économique acharné et une politique interventionniste qui viendrait mettre des bâtons dans les roues de nos adversaires ? Non, même pas.
Nous voulons juste que les vérités soient clairement énoncées et que l’on arrête de célébrer des vainqueurs alors que la partie ne fait que commencer. »
Nous ne nous considérons ni comme des “assiégés”, ni comme des “petits français face aux grands américains”. Nous nous voyons comme un acteur européen majeur qui gagne chaque jour plus de clients en proposant des produits et services de qualité. »
A l’heure où nous publions cet article, le Ministère de la Culture et de la Communication n’a pas contacté le constructeur français, par contre, les dirigeants de Bookeen nous ont fait savoir qu’ils allaient certainement le faire.