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Tribune libre : Bonnes vacances Madame Filippetti !

Estelle Taburiaux editions rouge sang tribune libre IDBOOXEstelle Taburiaux, est directrice des éditions « Rouge Sang », une petite maison d’édition qui s’attache à publier en version papier et numérique, des romans noirs, des polars et des thrillers de qualité.

La vie d’une maison d’édition n’est pas toujours facile. On parle souvent des difficultés des libraires mais moins souvent des écueils que rencontrent aux quotidien les éditeurs.

L’objectif d’E. Taburiaux en écrivant cette lettre ouverte à Aurélie Filippetti, Ministre de la Culture et de la communication, est d’ouvrir une réflexion sur le sujet et surtout sur la place des petites sociétés d’édition innovantes et respectueuses des revenus de leurs auteurs.

«À quelques heures de votre départ en congés d’été, je n’ai évidemment pas la prétention de vous envoyer un « devoir de vacances », mais simplement de vous faire part de quelques réflexions concernant le marché du livre en France, et plus particulièrement, la place des petits éditeurs de qualité.

La société que je dirige, « Rouge Sang éditions », est jeune (un peu plus d’un an), mais l’expérience de notre équipe, qui publie prochainement son sixième livre depuis octobre 2013, nous permet de vous faire parvenir une vision assez claire de notre métier, dans un secteur très concurrentiel.

Nous n’avons pas la prétention de vous apprendre comment est structuré le marché du livre en France. Néanmoins, il nous semble utile, ce courrier étant public, d’exposer quelques réalités préalables. Nous ne vous demandons pas de les changer, les intérêts économiques du secteur reposant sur ces règles « commerciales » devenues traditionnelles étant difficilement modifiables, sauf bouleversements et évolutions techniques à venir.

haut le choeur

L’éditeur produit des livres

Partons d’une évidence : l’éditeur produit des livres. Sans lui et les auteurs avec lesquels il travaille, les livres vendus dans le commerce n’existeraient pas. C’est-à-dire qu’il reçoit des tapuscrits, nombreux, qu’il passe du temps à lire, à choisir, puis propose un contrat à l’auteur.

Si ce dernier l’accepte, vient ensuite le temps du travail éventuel sur le texte, l’emploi d’un correcteur diplômé, d’un maquettiste, d’un codeur professionnel pour réaliser des versions numériques de qualité, tout cela sous la responsabilité d’un directeur d’édition, et l’envoi à l’imprimerie après bon à tirer, pour les formats papier. L’éditeur paye donc des salaires, des droits d’auteurs, des charges sociales, des factures et tous les autres postes budgétaires inhérents au fonctionnement et hébergement de sa société. Ceci pour exposer au préalable la grande confusion commune concernant la marge brute de l’éditeur sur les ventes et son bénéfice réel une fois ces différents postes honorés.

L’auteur, lui, est rémunéré à un pourcentage défini avec l’éditeur sur les ventes, duquel sont déduites ses propres charges sociales.

Le reste du travail de l’éditeur est donc d’organiser ensuite la diffusion distribution vente. Le slogan récurrent des différents acteurs de cette chaîne, appuyé par votre ministère, est « respect de la diversité de l’offre éditoriale, du travail des auteurs et de leur rémunération ».

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Voyons comment.

(En précisant que nous n’avons rien contre les librairies, qui sont des endroits que nous affectionnons, mais que nous avons découverts d’un œil différent avec une vision commerciale.)

Ce poste « diffusion distribution vente » représente environ, dans un circuit traditionnel de vente en librairies, une moyenne approximative, en fonction des solutions choisies, de 54 % du prix hors taxe d’un livre. Cela semble énorme, mais c’est ainsi que le système fonctionne. Les libraires imposent une remise comprise dans la plupart des cas entre 30 et 40 %, le plus souvent aux alentours de 38 %. Le système étant, pour schématiser et éviter de noyer le propos dans les détails techniques, celui du « dépôt vente », l’éditeur est payé par le libraire à soixante jours fin de mois (parfois plus) après la vente d’un livre. L’éditeur, s’il prend directement en charge les relations avec les libraires, se voit également imposé par les points de vente les frais d’envois et de retours des livres, si ces derniers ne sont pas vendus. Soit environ alors 15 % minimum du prix hors taxe d’un livre (ou 30 % en cas de retour), voire bien plus, quand il s’agit de commande de dépôts modestes ou d’envois individuels d’ouvrages, puisqu’il dépend alors de tarifs postaux prohibitifs sur lesquels nous reviendrons un peu plus loin.

Ce système n’est rentable à terme que dans un seul cas : en utilisant les diffuseurs distributeurs majeurs, et en étant un éditeur de production d’importance ou de masse. Ces dernières structures étant liées, soit par l’appartenance à des mêmes groupes industriels du livre, soit par des intérêts et liens financiers croisés, peuvent bénéficier tout à la fois d’économie d’échelle sur les coûts de production et de diffusion, imposer leur mise en place, compenser, par le volume des ventes, le décalage entre dépôt des livres et paiements — encaissés le plus souvent par les distributeurs — et par là même, organiser la priorité de leur exposition en rayon et en devanture chez des libraires dont la plupart (sauf exception) dépendent majoritairement des flux de ces éditeurs majeurs. Cette constatation ne critique en rien, évidemment, la qualité des ouvrages ainsi produits et vendus par les grands acteurs de l’édition.

N’évoquons pas non plus des groupements de libraires, nous les avons également contactés, dont un dont vous avez récemment salué le dynamisme et l’innovation. Ils ne proposent aux éditeurs qu’une taxe supplémentaire pour un référencement (inutile) dans le cadre de leurs mutualisations, qui ont pour but unique d’amoindrir leurs propres coûts et non d’optimiser les échanges et flux entre éditeurs et détaillants dans des intérêts partagés.

Il n’en reste pas moins que cette concentration, à la fois verticale, horizontale et d’intérêts communs entre les libraires et un système de production de livres de type grande distribution — car c’est exactement de cela dont il s’agit — est globalement inaccessible aux petites maisons d’édition, à la fois en terme de coût de diffusion distribution (en admettant qu’elles acceptent ainsi de participer, dans les faits, au financement des frais de leurs plus gros concurrents et de rester reléguées hors tête de gondole) et plus généralement, car ces grands groupes, sans même entrer dans une discussion sur les possibilités de volumes de vente possible, refusent tout simplement de les accueillir, ce qui nous est arrivé.

De plus, face à une telle force de frappe et omniprésence nationale, les diffuseurs et distributeurs les plus modestes restent soit imparfaits et/ou chers, soit déposent tout bonnement le bilan, exactement d’ailleurs comme beaucoup d’éditeurs modestes — pourtant de qualité ayant tenté l’aventure de naviguer avec — ou plutôt « contre » — les « gros » dans cette organisation. De plus, tous les interlocuteurs porteurs (grandes surfaces culturelles, chaînes de librairies, groupements) que nous avons contactés ont à peine jeté un œil à notre petite société, quand ils ont daigné nous répondre, ce qui fut rare.

Ce système de concentrations et de monopoles, de trésorerie générale « à tiroirs », unique (et dérogatoire aux règles communes) dans le domaine du commerce, Madame la Ministre, nous ne vous demandons pas de le changer, nous le savions en nous lançant. Il fonctionne — malgré les cris « au loup » réguliers — économiquement bien si l’on en croit cet article de Challenges au sujet des libraires (Pour ignorer la crise devenez boucher menuisier ou- libraire), ou cet article de Livres hebdo  concernant la plutôt bonne santé salariale de l’édition majeure (dans lequel les revenus des auteurs ne sont simplement pas cités), et cela grâce également aux larges subventions du CNL qui sont réservées aux éditeurs distribués en librairies, et aux libraires eux mêmes. Ce constat est au delà évidemment de mobilisations légitimes — que nous soutenons — pour préserver des libraires géographiquement isolés ou atypiques.

Dans le même domaine des conduites étonnantes, et au sujet d’une niche commerciale qui pour une structure comme la nôtre n’est pas négligeable, vous semble t il normal, Mme la Ministre, que la majorité des bibliothécaires, sans y être astreints par les règles de marchés publics, puisqu’il s’agit d’achats modestes, nous obligent à passer commande non pas directement comme ils en ont la possibilité, mais en nous imposant l’intermédiaire inutile d’un libraire ? Nous passons donc d’une remise légale maximale de 9 % aux bibliothèques (6 % étant alors versés par nos soins à la SOFIA) avec frais de port pris en charge le plus souvent par la bibliothèque (subventionnée pour cela) à une remise imposée par la majorité des libraires ainsi mandatés (pas tous) de 35 à 40 %, plus les frais de port à notre charge comme pour un « dépôt » normal en point de vente. Autant dire que nous refusons tout net de perdre ainsi de l’argent, car c’est exactement le bilan d’une telle vente.

Ce système, au final, méprise assez la diversité éditoriale et le revenu des auteurs sur les ventes, et cela pour la raison principale qu’il subsiste uniquement sur des marges qui ne permettent pas de les payer décemment, par rapport à celles de tous les autres intermédiaires de la chaîne du livre. C’est un peu comme la distribution des produits agricoles, à la différence près qu’un grossiste ou un détaillant agricole paye ses commandes dès livraison (même avec un délai) et non une fois qu’il a vendu ses produits, et qu’il ne peut les renvoyer au producteur. Il prend, lui, un risque d’investissement commercial (même optimisé) et ne le fait pas supporter de force au producteur comme dans la chaîne de vente de livres.

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Les artisans de la littérature

Les « petits éditeurs » sont donc pour beaucoup, comme nous, dans la recherche d’autres démarches commerciales. Ils restent des artisans de la littérature, des descendants de l’origine de l’édition en France, de ses lettres de noblesse, ils s’attachent aux livres et à leurs auteurs avant de l’être aux courbes de rentabilité, ils donnent une chance aux écrivains nouveaux ou émergents. Ils leur offrent — nous, en tous les cas — des rémunérations sur les ventes qui correspondent à la valorisation de leur création sans laquelle les livres n’existeraient tout bonnement pas, et non pas la plus faible part financière, comme c’est trop souvent le cas.

Ils cherchent donc d’autres voies que la filière classique qui leur est fermée sauf rares exceptions, pour des raisons de coûts, mais parfois aussi de défaut ou retard de paiement de certains détaillants qui honorent en priorité les distributeurs majeurs. Sans compter le fonctionnement de la communication sur les livres, qui dans la presse est trop souvent lié aux régies publicitaires, et non sur la découverte, et sur les surfaces Internet par un « noyage » des critiques sous les envois des éditeurs d’importance, dès lors qu’un blog ou site devient notable. Sauf à être suicidaires, la vente généralisée en librairies nous est plus que déconseillée financièrement puisque nous n’avons donc pas le potentiel de production, de liens commerciaux avec les distributeurs majeurs, ni de possibilités de masse d’agir pour amoindrir les remises des libraires. Pour autant, nous subissons, en tant qu’éditeur spécialisé dans la vente directe, la contrainte légale de garantie des revenus des libraires qu’est le prix unique du livre nous empêchant de gérer notre stock de livres comme nous l’entendons, même en respectant tout à fait le revenu initial des auteurs sur les ventes…

Ce système, Mme Filippetti, est sans doute en l’état actuel et le temps qu’il durera, une bonne sanctuarisation garantie par l’État des revenus des gros éditeurs et des vendeurs détaillants, mais c’est indiscutablement un frein pour l’émergence des jeunes sociétés d’édition qui doivent utiliser, par contraintes économiques et malgré leurs efforts vains d’y participer, des voies commerciales parallèles qui pourraient être économiquement porteuses.

En effet, il reste aujourd’hui d’autres chemins à arpenter pour des structures telles que la nôtre, notamment grâce aux possibilités offertes par Internet. Et c’est là sans doute que le rôle du ministère de la Culture, en termes d’aide et de soutien, devrait être à la hauteur de ce qui est fait pour la filière commerciale traditionnelle de masse, dans le respect, justement, de vos engagements pour la diversité littéraire et le revenu des acteurs les plus modestes de la production de livres, dont les petits éditeurs et les auteurs sont aujourd’hui les grands oubliés.
Nous ne parlerons pas d’Amazon, FNAC ou équivalents ; de notre point de vue, les exigences de ces surfaces de vente de produits culturels ne sont pas vraiment pires que celles du marché traditionnel sur lesquelles ils n’ont fait que se calquer, en utilisant ensuite leur potentiel comme levier de concurrence. Le conflit Hachette Amazon aux États Unis n’est qu’une partie de bras de fer entre deux acteurs de la grande distribution, voulant chacun préserver ses marges. Rien de tout cela n’est littérature, c’est juste du business de géants, comme nous pourrions en trouver dans la vente de yaourts.

Les deux axes commerciaux supplétifs des éditeurs modestes sont donc la vente directe par correspondance et l’investissement dans la commercialisation des ouvrages numériques qui permettent de se positionner sur un marché émergeant en France, et d’autres plus porteurs notamment à l’étranger, en exportant leur savoir faire et la qualité de leurs auteurs, donc la littérature française.

Concernant la vente par correspondance, la Poste exige un tarif prohibitif pour l’envoi de livres. Outre que la légalité de ce tarif reste très contestable (pour un envoi aux mêmes caractéristiques et sans aucune garantie ou condition supplémentaires d’acheminement, le tarif passe de 1.84 € à 2.65 € uniquement parce que le contenu d’un courrier est un livre !) et même si la Poste (à capitaux publics tout de même) dit connaître des difficultés, il ne s’agit là que d’une taxe particulière sur l’objet livre (et sur d’autres produits culturels comme les CD et les DVD) qui est indigne d’un pays défenseur de la culture et de son partage. Pour nous, c’est essentiellement une entrave aux ventes — et donc une atteinte grave et injustifiable à notre potentiel commercial — à laquelle nous ne pouvons échapper, puisque nos tarifs sont affichés publiquement, donc contrôlables.

Pour vous résumer plus clairement les choses, trouvez vous normal que la Poste fasse une marge nette d’environ 10 % (par rapport au prix HT d’un livre) sur chaque vente d’un ouvrage par correspondance, et cela sans aucune autre contrainte supplémentaire que le service postal commun ? D’autant que les clients découvrent avec ahurissement que nous devons également, par obligation fiscale, collecter une TVA supplémentaire sur les frais postaux facturés, considérés alors, non comme une correspondance, mais comme un transport de marchandises (5,5 %) ! Avouez qu’à l’heure où Colissimo permet, par des accords commerciaux de masse, à des grands vendeurs comme Amazon de faire livrer quasi gratuitement (0,1 centime d’euro) ses ouvrages par la Poste, et donc d’échapper tout à la fois à ce surcoût client et à cette TVA (sauf sur le centime facturé), cette situation ubuesque ne manque pas de piment.

Elle n’en reste pas moins une entrave commerciale par une hausse des coûts de vente qui dessert gravement les sociétés d’édition françaises de taille modeste qui tentent de travailler en vente directe, alors que la Poste favorise, de fait, des clients comme Amazon.
Bien sûr, nous pourrions tricher, c’est simple et quasiment pas illégal. Il suffit d’intégrer un coup de manutention (sic) dans les frais d’envoi pour noyer le poisson et sembler respecter les obligations postales, d’envoyer discrètement les livres au tarif le plus faible, et marger ainsi deux fois sur un même livre (sur la remise libraire et sur la différence de prix d’envoi réel), comme nous avons pu le constater et le vérifier chez un libraire également vendeur par correspondance. Mais chez Rouge Sang, nous respectons tout à la fois la réglementation et nos lecteurs que nous refusons d’embrouiller de la sorte.

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Quid du  livre numérique ?

Concernant les livres numériques, qui sont identifiés résolument comme des supports littéraires d’avenir depuis le rapport Patino, remis à Mme Albanel en 2008 ; tout de même, force est de constater, en dehors des réticences à cette nouvelle économie par tous les acteurs majeurs en place, qu’ils ne sont toujours absolument pas pris comme une réalité. Notamment dans le système des aides du CNL, dont la grande majorité est liée exclusivement à l’obligation pour les éditeurs d’être distribués en format papier dans le réseau des librairies classiques. Ce qui exclut de fait — à la lecture des conditions — les éditeurs numériques.

Les obligations, notamment en termes de possibilités d’aide à l’extraduction (de la langue française à une quelconque langue étrangère), résument cette aide à un schéma traditionnel et en partie tout à fait obsolète : traduction d’un ouvrage dans le cadre d’un accord de cession de droits d’un livre à un éditeur étranger pour une commercialisation « classique » en librairies, dans le pays ciblé.

Il est tout de même dommage, à l’heure où des jeunes maisons d’édition françaises investissent dans ce format, et lesquelles peuvent tout à fait vendre directement des ouvrages à l’étranger, grâce à des distributeurs numériques géographiquement performants, que ces aides restent en quelque sorte uniquement à la fois un atout commercial de vente de droits pour les éditeurs majeurs et une aide directe et importante à l’édition étrangère « classique », plutôt qu’un soutien déterminé du ministère de la Culture à l’exportation de notre littérature par une dynamique d’accompagnement des éditeurs « modernes » et hexagonaux. Cela coûterait bien moins cher que la constitution d’une réserve commerciale numérique pour les éditeurs « traditionnels » français, auxquels l’État a offert, dans la prévision de l’explosion de ce marché, la numérisation de leur fond d’avant 2000, en constituant la désormais célèbre « Base Relire ».

Quelques doléances

Nous vous demandons donc, Madame la Ministre de la Culture, et cela dans une véritable dynamique d’accompagnement équitable de la diversité éditoriale, donc des petits éditeurs, et plus largement des auteurs, de bien vouloir prendre en compte les évolutions suivantes concernant les petites structures d’édition, leur accession à une concurrence loyale et à un développement légitime, en leur accordant la même attention qu’aux éditeurs dits « majeurs » :

– Bien vouloir détailler complètement les montants des aides et motifs de ces soutiens, éditeur par éditeur, extraductions comprises, dans la dernière partie du compte rendu annuel du CNL et non conclure par une simple liste alphabétique. Cette mesure permettra à tous citoyens, et aux professionnels de l’édition, petits ou grands, d’accéder à des données récapitulatives chiffrées et parfaitement lisibles de l’utilisation des fonds publics d’aides à l’édition.

– Réserver la priorité de ces aides :
1) aux sociétés d’édition (à vrai compte d’éditeur) qui garantissent à leurs auteurs un revenu minimum (15 % sur les ventes de livres papier et 20 % sur les œuvres numériques nous semblent budgétairement raisonnables, dans un système respectant la part auteur dans le prix total HT d’un livre vendu)
2) aux sociétés d’édition employant des professionnels de la chaîne du livre : correcteurs diplômés, illustrateurs et codeurs professionnels, etc.

– Adapter clairement les aides du CNL à la nouvelle économie du livre sans les lier à l’obligation formelle de ventes en librairies traditionnelles, et en particulier en permettant aux éditeurs tout ou partie numérique de pouvoir prétendre clairement aux mêmes aides à l’extraduction que les éditeurs traditionnels vendant des droits à l’étranger.

– Agir d’urgence auprès de la Poste pour faire cesser la lourde taxation postale contestable de l’objet livre, et mieux, accorder aux sociétés d’édition pratiquant la vente par correspondance une franchise postale à la hauteur de celle dont bénéficient les entreprises de presse, la culture étant à nos yeux au moins aussi importante que l’information, et cela dans l’intérêt de leur développement économique et celui, financier, des lecteurs. Ce système fonctionne déjà très bien pour les envois de livres hors de France dans le cadre de l’aide à la diffusion de la littérature française, qui sont bien moins chers que les envois hexagonaux.

– Enfin, rappeler aux bibliothécaires et acteurs publics qu’en dehors des commandes d’un volume financier tombant sous le coup des obligations de marché public, la règle doit être et rester sans dérogation la commande directe chez les éditeurs sans tenter d’imposer d’intermédiaires inutiles.

Je vous souhaite, Mme la Ministre, de très bonnes vacances durant lesquelles j’en suis certaine, ainsi que mon équipe, vous garderez ce courrier à l’esprit en vous reposant avant le grand bal de la rentrée littéraire. Pour vous y aider de manière agréable et de tradition estivale, je vous propose, dès réception d’un courriel de votre part, de vous faire parvenir nos livres, au format numérique que vous choisirez.

Très respectueusement.

 Estelle Taburiaux

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2 COMMENTS

  1. Il n’y a aucune détresse (c’est rigolo cette analyse…) dans le constat de ce courrier, juste une mise au point factuelle sur le marché du livre en France. Et pourquoi les petits éditeurs doivent ré-inventer leur modèle de distribution dans un modèle économique fermé et protégé des émergences, dans lequel, contrairement à ce qui est dit dans le commentaire de “sophie” le ” financement les dépenses liées à la commercialisation, à la distribution et au marketing” ne permet en rien de compenser les contraires imposées tant par le réseau de vente, que celui de distribution ou de promotion. Ces financements, d’ailleurs, et il suffit de connaître le système pour le savoir, ne seraient en rien des leviers de progression, mais, et exactement comme c’est indiqué dans cette lettre, uniquement de l’abondement de marges inutiles d’acteurs supplémentaires. Quant au commentaire sur le choix des titres, ou le défaut d’étude de marché, il prend tout simplement l’auteure de cette lettre pour une illuminée s’étant lancée un beau jour de manière irresponsable dans l’édition, sans avoir visiblement même eu la décence de jeter un œil au catalogue de Rouge Sang éditions. Rédiger des guides, c’est mignon, en faire la promotion est de bonne guerre, mais de grâce, pas en taxant les gens d’amateurisme là où ils expliquent que le marché du livre en France est simplement sclérosé mais aux marges pour l’heure sanctuarisé par l’État, et que les solutions ne sont certainement pas pour les petits éditeurs dans un investissement suicidaire pour vouloir absolument participer à ce marché national dans lequel, malgré leurs dépenses, ils seraient irrémédiablement noyés. Et même en connaissant le “guide miracle” par coeur…

  2. Je suis sensible à la détresse de E Taburiaux et à la difficulté de ne pas voir ses espoirs aboutir dans un circuit imparfait. Mais il me semble que les autres ne sont pas responsables du fait que cet éditeur n’a pas prévu dans son projet de financement les dépenses liées à la commercialisation, à la distribution et au marketing, ou un choix de titre permettant une vente plus rapide pour compenser les ventes plus difficiles. Pour les prochains qui se lanceront dans l’aventure, ce qu’apprend ce témoignage c’est qu’ils ont tout intérêt à prendre au sérieux la page 36 et suivantes de l’excellent guide de l’Editeur FILL/ECLA et discuter avec les autres éditeurs de leur région ou de leur profil avant de se lancer dans un projet d’édition http://www.fill.fr/images/documents/guide_de_l_diteur_co_dition_cnl_fill_2010.pdf

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