Chana Orloff (1888 – 1968), est à l’honneur au musée Zadkine pour une exposition monographique, la première depuis 1971 à Paris.
« Chana Orloff – Sculpter l’époque », réunit une centaine d’œuvres de la sculptrice jusqu’au 31 mars 2024.
Une femme de son époque – Chana Orloff est une femme libre
Chana est née en Ukraine, suite au pogrom, sa famille fuit en Palestine en 1905. Très vite la jeune femme décide de devenir couturière. Pour se former elle arrive à Paris en 1910.
C’est là que son destin bascule. Elle rencontre très vite des artistes, des écrivains, des journalistes qui deviennent ses amis (Modigliani, Chagall, Widhopff, Vogel…). Elle s’essaye, suite à un défi, à la sculpture, c’est une révélation.
Orloff se consacrera désormais à cet art sans relâche. Pour l’aider à pallier au manque de ressources, suite au décès de son mari, ses amis lui passent commande, elle devient alors la Portraitiste de Montparnasse.
Femme, juive, mère d’un enfant handicapé, veuve, elle réussit néanmoins à s’imposer en tant qu’artiste. Elle suscite l’intérêt et connait le succès.
La première partie de l’exposition est dédiée à ses portraits d’amis et à son fils Didi.
Son objectif « faire l’époque ». Femme libre, elle s’assume et dévoile au fil du temps un style personnel, aérien, profond et sensible.
Chana Orloff et ses modèles
A la différence d’Ossip Zadkine (qui converse d’ailleurs avec elle dans le parcours de l’exposition avec des sculptures emblématiques) Orloff ne travaille que sur modèle. Les gens bien sûr, mais aussi les animaux.
Elle s’aventure sur des terrains peu sculptés comme la représentation de femmes enceintes. La maternité fait aussi partie de ses choix, elle produit plusieurs pièces sublimes de femmes à l’enfant.
Chana Orloff aime aussi sculpter les animaux pour leurs symboles. Elle en créera une soixantaine sur les 500 sculptures répertoriées au catalogue raisonné. Dindon, Sauterelle, Inséparables, oiseaux, poissons… chaque animal de son bestiaire, souvent sculpté avec humour, se nourrit de la symbolique juive et de la littérature Yiddish.
L’après-Guerre, la désolation et la mémoire
L’artiste échappe de peu à la Rafle du Vel d’Hiv. Elle se réfugie avec son fils à New York et rentre à Paris dès la fin de la guerre.
Elle découvre alors son atelier pillé, ses œuvres massacrées ou volées. Sur les 146 sculptures spoliées, seules 4 seront retrouvées.
Chana continue de sculpter, des œuvres beaucoup plus rudes, plus sombres à l’image de « Le Retour », rendant hommage aux rescapés des camps.
Elle contribue aussi au travail de mémoire et réalise plusieurs monuments commémoratifs notamment en Israël.
On retient par exemple, la très grande sculpture si émouvante du Kibboutz Ein Gev représentant une mère et son enfant et qui résonne intensément aujourd’hui, après les massacres du 7 octobre 2023.
Chana Orloff – Sculpter l’époque, une exposition à voir absolument
Si l’écrin de la maison de Zadkine est parfait pour abriter le travail de Chana Orloff, on ne peut que saluer cette femme courageuse, volontaire qui en dépit des affres du temps a toujours continué à s’exprimer au travers de son art.
On ne pourra qu’être sous le charme des œuvres d’Orloff qui savait simplifier et styliser ses modèles en ne conservant que les attributs qui lui permettent de donner un caractère particulier. Vous ressortirez de cette exposition émus face à tant de beauté et de délicatesse.
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Découverte de l’expo consacrée à l’immense artiste Chana Orloff dans le très bel écrin du musée Zadkine. #expo #culture #Paris @parismusees #museeZadkine #chanaorloff pic.twitter.com/knopadZtfN
— IDBOOX (@IDBOOX) November 14, 2023