5 questions à Stephen Belfond : Créer des « ebooks augmentés » pour ne pas être exclu

Classement auteurs 2018 Figaro GFKStephen Belfond est directeur général d’i-Gutenberg, il s’attelle à repenser le livre pour sortir du sempiternel ebook homothétique, seule façon d’éviter le  piratage et de garder des auteurs dans les maisons d’édition.

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Vous avez créé i-Gutenberg, une maison d’édition et un service aux éditeurs, pouvez-vous nous en tracer les grandes lignes ?

S.B. : i-Gutenberg accompagne les éditeurs dans la transition vers le livre numérique, et, particulièrement, vers le livre numérique enrichi ou « augmenté ».
Ma culture mixte d’éditeur traditionnel et d’acteur du numérique me permet d’établir une passerelle entre deux mondes qui ne parlent pas le même langage.

i-Gutenberg met à la disposition des éditeurs une plate-forme d’enrichissement et de publication de livres numériques qui ne nécessite aucune compétence en développement informatique, qui permet aux éditeurs d’être totalement autonomes, avec des coûts de fabrication compatibles avec les réalités économiques du marché du livre.  Avec cette plate-forme, les éditeurs peuvent enfin exercer leur métier, en toute maîtrise, dans le monde du livre numérique de demain.

A terme pensez-vous que le marché de l’ebook restera sur l’homothétique ou plutôt vers le livre dit enrichi ?

S.B.: Le livre homothétique restera sans doute largement majoritaire en littérature générale. Peut-être, trouvera-t-on une double offre, simple ou enrichie. Même en matière de romans, d’essais ou de documents, de nombreuses et pertinentes possibilités d’augmentions existent : ressources documentaires, interview de l’auteur et contacts directs avec et entre les lecteurs, organisation de débats pour prolonger le livre, audio livre intégré, etc.
Mais le domaine naturel du livre augmenté reste le livre illustré, les beaux livres, le livre pratique et technique, et bien sur le scolaire et le parascolaire.

8% des français ont déjà lu un livre numérique, que faudrait-il faire selon vous, pour augmenter ce chiffre et à quelle échéance ?

S.B. : Augmenter l’offre, qui reste misérable en France, et offrir un iPad à chaque élève !

Apple, Google, Amazon, ont l’air de faire encore peur à la chaîne du livre quel est votre avis sur la question ?

S.B. : Pourquoi un auteur partagerait-il avec son éditeur « papier » les royalties du numérique homothétique alors qu’il peut signer directement avec Amazon ou Apple, et toucher 70 % des ventes ? Face aux auteurs de best-sellers — qui représentent le plus gros de leur chiffre d’affaires, les éditeurs ne sont pas en position de force. S’ils n’apportent pas de valeur ajoutée entre le livre imprimé et le livre numérique, ils seront exclus de ce marché. D’où l’intérêt du livre « augmenté » où les éditeurs peuvent retrouver leur raison d’être et rester incontournables.

Sur la TVA et le prix unique du livre qui ne concernera pas les livres augmentés transmedias, quelle est votre opinion ?

S.B. : En matière de TVA, Il faut réfléchir à la question « Qu’est-ce qu’un livre ? ». Le débat est ouvert.
Je suis plutôt favorable au prix unique. Une question plus importante me paraît le prix du livre homothétique trop cher par rapport à la version imprimée. Une offre inadaptée à la demande des lecteurs conduit à l’explosion du téléchargement illégal. Là encore, le livre enrichi, un « produit » qui n’est plus comparable avec la version « papier », apporte une solution en termes économique et technique (le piratage de livres « augmenté » sur l’Appstore est complexe et très limité).

Voici l’une des réalisations d’i-Gutenberg, sur le peintre Monet

 

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