Guillaume Musso vient de publier « Demain » chez XO Editions. Ce nouveau livre est disponible simultanément en version imprimée et numérique. Dans la première partie de cette interview l’auteur nous a expliqué la genèse de son roman (lire notre article). Dans ce second volet, Guillaume Musso a joué le jeu des questions – réponses au sujet des ebooks.
Il y a deux ans vous déclariez que le piratage ne vous faisait pas peur, qu’en dites-vous aujourd’hui ?
J’ai été le premier auteur « Editis » au travers des Editions XO à être présent avec mes romans en version numérique, cela s’est fait à ma demande car mes lecteurs le voulaient. J’ai la chance d’être lu par un public large, aussi bien par des adolescents que par des personnes âgées, par des personnes avec des profils très différents. J’ai répondu à leur demande, en acceptant les inconvénients et les avantages.
Etes-vous un lecteur numérique ?
Je suis pour la complémentarité. J’achète des grands formats, des poches, et je lis de plus en plus en numérique. J’ai une liseuse, une tablette et c’est assez agréable, en fonction de ce que je fais de pouvoir utiliser tantôt l’un tantôt l’autre.
Et le numérique dans tout cela, qu’en pensez-vous ?
Vous savez, je suis très attaché au maillage des points de vente en France. Je n’ai pas envie que la France devienne comme les Etats-Unis, c’est-à-dire un pays où on a de plus en plus de mal à trouver une librairie. Je ne veux pas que les librairies disparaissent, il faut donc trouver une manière consensuelle de faire coexister les différents acteurs.
L’économie du livre est assez fragile. Le fait que le numérique dans notre pays n’a pas tout bouleversé du jour au lendemain, est plutôt une bonne chose. Cela laisse au système le temps de trouver des solutions qui permettent aux différents acteurs de continuer à exister en accueillant progressivement le numérique.
Que représente le numérique dans vos ventes ?
On m’a dit que le numérique en France représentait 1% des ventes. Depuis 2 ans j’ai la chance d’être l’auteur français le plus vendu en numérique. Je savais que vous alliez venir me voir, alors j’ai consulté mes chiffres. Mes ventes en numérique représentent exactement 2%. J’ai vendu un peu plus de 700 000 exemplaires en grand format de mon précédent livre «7 ans après…», j’ai donc vendu environ 14 000 livres numériques. Je ne peux pas vous dire ce que cela représentera demain, mais c’est la réalité.
Les lecteurs en France trouvent que le prix des ebooks est trop élevé qu’en pensez-vous ?
Quel est le bon prix pour un livre numérique, c’est une question difficile. Pour ma part, mon éditeur pratique une décote d’environ 40%, je trouve que c’est un bon ratio. [Ndlr : la version papier de « Demain » est vendue 21.90€, la version numérique est à 13.99€]
Les réseaux sociaux sont un moyen pour les auteurs, de communiquer directement avec les lecteurs, êtes-vous fan ?
J’en fais un usage limité. Cela me sert à communiquer des informations et à avoir des retours de lecture. En période de sortie d’un ouvrage, avoir instantanément des centaines de gens qui laissent des commentaires, c’est magique et nouveau !
Néanmoins, j’adore cette phrase de Filipacchi qui dit : « L’idéal c’est quand tout le monde connait votre nom et que personne ne connait votre visage », vous l’aurez compris, je n’aime pas me mettre en scène.
A la base quand on écrit, c’est souvent parce qu’il y a en nous un côté introverti. Aujourd’hui, on a l’impression qu’on ne s’ennuie plus car on a tous ces réseaux, pour ma part je choisis la position où l’auteur doit s’effacer pour laisser la place à l’imaginaire.
Je ne suis pas contre les réseaux sociaux mais à petite dose. Je ne veux pas entretenir artificiellement la relation pour continuer à être là et à exister. Je ne suis pas un professeur de moral, mais c’est ma façon de le vivre.
Xo a publié « 1940 : de l’abîme à l’espérance » de Max Gallo en livre numérique enrichi, est-ce que vous pensez proposer l’un de vos livres en version augmentée ?
J’ai vu cette version qui est vraiment intéressante. Je me suis posé la question pour l’un de mes romans et la réponse est clairement non ! Je trouverais cela lourd et compliqué. Ce que j’aime dans un roman c’est que l’on ne m’impose rien. J’aime créer des images simplement avec des mots et ces mots seront, je l’espère, suffisamment forts pour que lecteur effectue la deuxième partie du trajet, à savoir mettre tout cela en mouvement, pour que chacun se fasse un film différent.
Autant l’enrichi est très bien pour un document historique autant je pense que pour mes romans cela en ferait quelque chose de gadget, à moins que je trouve une idée, un jour, qui mettrait mes livres vraiment en valeur.