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Interview – Le dernier roman 4 mains plus une IA ?

Interview Le Dernier Roman Catherine Lang et Antony Altman

Lors du dernier Salon Livre Paris on a beaucoup parlé du nouveau livre de Catherine Lang et Antony Altman.

Le dernier roman est écrit à quatre mains et gravite autour des plateformes de publication, des robots et de l’intelligence artificielle (lire notre chronique)

Avec beaucoup d’humour, les deux auteurs se sont amusés à nous raconter une histoire campée dans le réel avec une touche de SF.

Au travers de ce roman, ils décortiquent l’évolution de la littérature face au développement du numérique et à l’émergence des IA dans le processus d’écriture.

A l’heure où le salon VivaTech ouvre ses portes, où les IA et la réalité virtuelle vont être sujettes à toutes les attentions, Catherine Lang et Antony Altman se sont prêtés au jeu des questions réponses et nous en disent plus sur Le dernier roman.

Vous avez publié à 4 mains Le dernier roman, quelle est la genèse de cette histoire ?

CL : C’est Antony qui a émis un jour l’idée d’une écriture collective, c’est lui aussi qui a proposé le thème après avoir visionné sur internet un journal d’informations qui était préparé et présenté par un robot.

C’était il y a deux ans. Et ce n’est pas de la science-fiction, on sait par exemple, qu’un grand magazine américain utilise des robots pour collecter les informations et écrire ses articles… avec succès.

AA : L’idée nous est venue au cours d’un dîner. La conversation a porté sur un journaliste présentant son 20 heures sur internet à la manière d’un journal télévisé.

Un article mentionnait qu’il avait été lui-même cherché ses sujets sur la toile pour en faire une compilation avant de le présenter.

Tout cela paraissait normal, si ce n’est que ce journaliste n’existait pas !

C’était un algorithme matérialisé par un personnage de jeu vidéo. Nous avons alors décidé de collecter de l’information sur l’intelligence artificielle (merci Idboox ! [NDLR : l’auteur a consulté plusieurs de nos articles sur le sujet]) et rassemblé divers articles que nous avons échangés via Dropbox dès le lendemain.

L’autre genèse, en ce qui me concerne, est la toute première émission de téléréalité « Loft Story », il y a 17 ans déjà.

J’ai tout regardé à l’époque, j’avoue ! Je me souviens parfaitement m’être dit que nous étions en train de changer d’époque, à la télévision tout du moins.

En poussant le curseur à fond, peut-être un jour inventera-t-on un jeu où l’on filmera 10 personnes dans un avion sans pilote avec 9 parachutes…

le dernier roman antony altman catherine lang

Dans votre livre vous taillez un costard et vous vous lâchez avec humour sur Amazon et l’autoédition en général, les auteurs indépendants, l’intelligence artificielle, quel est votre message exactement ?

CL : En fait, nous nous servons beaucoup de ce que nous connaissons, mais les comportements décrits concernent aussi les auteurs édités traditionnellement.

D’ailleurs, dans le roman, le phénomène de l’autoédition n’est pas évoqué, c’est un débat que nous nous sommes interdits de soulever.

J’ai repensé, pendant l’écriture, à ce concours qui avait été lancé en 2014, avec éliminatoires en ligne, et qui offrait un séjour dans un château à des auteurs.

L’expérience n’a pas été renouvelée… La grande plateforme n’est pas citée, mais il est indéniable que c’est une des plus importantes sur le plan mondial et qu’elle a déroulé le tapis rouge aux indépendants en leur offrant des opportunités que d’autres ne proposaient pas.

Nous évoluons dans cet univers de l’autoédition, nous en faisons partie. Il y a aussi beaucoup d’autodérision dans le livre.

S’il y a un message, c’est de ne pas être dupe, l’objectif d’une entreprise n’est pas philanthropique et le fonctionnement des algorithmes sur internet, quelle que soit le type d’entreprise concernée, enferme les auteurs et les lecteurs dans certains types de comportements.

AA : Je pense qu’il y a comme souvent, du bon et du moins bon.

Le bon est qu’Amazon donne sa chance aux auteurs indépendants dotés d’un féroce appétit d’écrire, je suis tombé sur de véritables pépites depuis quelques années.

On assiste d’ailleurs à une réelle professionnalisation des auteurs indépendants depuis plusieurs années, tant sur le fond que sur la forme.

Ainsi, les couvertures n’ont plus rien à envier à celles des éditeurs traditionnels. Le moins bon, toujours en jouant avec ce fameux curseur, est qu’en anticipant les désirs des lecteurs grâce à l’IA, nous risquons de produire une littérature ultra standardisée et nous priver ainsi de tout un pan de la création.

Sans parler des robots écrivains qui pour l’instant sont encore dans le domaine du fantasme !

Vous êtes tous deux des auteurs connus et reconnus dans le monde de l’autoédition et votre démarche d’auteur pour ce livre est particulièrement percutante, par l’histoire que vous racontez dans Le dernier roman et dans votre démarche en elle-même, pouvez-vous nous en dire plus ?

CL : Personnellement, le développement des IA me fascine et constater que l’écriture de certaines fictions très célèbres sont confiés à des machines, que les « réplicants » sont autorisés à participer officiellement au plus grand concours de littérature au Japon sont des phénomènes qui font que l’on se pose la question : c’est quoi la littérature et quel est son avenir ?

Dans le roman, le narrateur ne tranche pas, parce que nous ne savons pas où nous allons.

AA : Ce qui nous amusait était de faire un clin d’œil à la réalité. C’était assez cocasse de présenter notre roman au speed-dating d’Amazon au dernier Salon du livre.

Sur le principe de l’histoire dans l’histoire, nous avons commencé notre entretien en évoquant le parcours de deux auteurs se présentant sur le stand d’une grande plateforme commerciale à un speed-writing de l’écriture.

Ce concours d’un nouveau genre se tenait, à un salon du livre, Porte de Versailles… La suite est dans Le dernier roman !

Votre livre, Le dernier roman,  a été tout d’abord publié sur KDP, aujourd’hui vous prenez votre envol en le proposant dans plusieurs librairies, comment avez-vous fait et où peut-on trouver votre livre ?

CL et AA : L’ebook est sur Kindle exclusivement pour l’instant (la version papier également), mais nous avons souhaité étendre la distribution du livre broché, nous nous sommes adressés à Iggybook qui a réalisé le référencement sur Dilicom.

N’importe quel acheteur peut donc se procurer Le dernier roman en version brochée grâce aux librairies en ligne ou chez son libraire : à la FNAC Cultura, Decitre, Place des libraires …

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Si un jour les IA prenaient le pouvoir comment réagiriez-vous et que diriez-vous aux auteurs qui veulent se lancer et à ceux qui sont connus ?

CL : Il y a probablement des avancées à attendre des IA, dans le domaine médical, par exemple.

Mais pour moi, ce ne sont pas les IA qui sont dangereuses, c’est l’usage qu’en feront les hommes.

Pour ce qui concerne les livres, certaines « productions » n’y échapperont pas, d’ailleurs des expériences existent déjà. Va-t-on vers une sorte d’objet littéraire formaté qui servirait d’étalon ?

Peut-être, mais je ne suis pas inquiète pour autant, ce modèle porte en lui-même sa propre destruction.

Je ne me sens pas apte à donner quelque conseil que ce soit, ni à interdire à quiconque d’écrire s’il en a envie et de rechercher le succès.

Mais je me permets de donner un conseil aux lecteurs : soyez curieux.

AA : Vous parlez d’auteurs robots ou d’être-humains !? Blague à part, je leur dirai la même chose, écrivez ce que vous avez envie d’écrire comme et quand bon vous semble ; peu importe les # liés à l’actualité.

Je crois qu’il faut être lié au monde mais – c’est le paradoxe -, il faut en même temps en être un peu absent. Allez expliquer ça à un algorithme !

Aujourd’hui, après plusieurs années d’expérience en tant qu’auteur indé, quel bilan faites-vous de ce qui se passe autour de l’autoédition, est-ce qu’on se rapproche du Dernier roman, sommes toujours dans un monde de Bisounours ?

CL : Les auteurs sont de plus en plus nombreux à se tourner vers l’autoédition, y compris les auteurs édités traditionnellement.

Nous ne sommes pas dans un monde de bisounours, les auteurs sont dans la vraie vie, ce sont des êtres humains, la concurrence est plus rude et beaucoup plus visible, cela empoisonne parfois l’atmosphère sur les réseaux sociaux, d’autant plus qu’en matière de vente en ligne, les auteurs sont impuissants face aux algorithmes de recommandations et de classement qui font la pluie et le beau temps.

En cela, Le dernier roman n’exagère rien. Toutefois, il n’y a pas de méchants dans notre histoire, juste des auteurs à la recherche de reconnaissance.

Le méchant, ce n’est pas l’autre. Il ne faut pas se tromper de combat. Un point positif tout de même : la multiplication des œuvres et des auteurs crée de multiples pépinières d’où émergent des projets intéressants.

AA : Première constatation : il y a une tendance à l’hyper-catégorisation (dont la rubrique IA fait d’ailleurs partie).

Ainsi, de nouveaux genres apparaissent, ce qui est assez intéressant en soi. L’heure du dernier roman n’a heureusement pas encore sonné mais une chose est sûre : nous faisons nos premiers pas dans le domaine hybride (collaboration homme-machine).

Pour l’instant, cela prête plutôt à sourire, mais le premier roman intégralement écrit par une IA est prévu pour 2048…

J’en viens au monde des Bisounours. Disons que c’est un « manège enchanté », avec de vrais gentils, mais aussi des doctoresses Jeckyl et des Misters Hyde.

Parfois ce manège tourne vite et fait tourner des têtes ! En ce qui me concerne, il tourne lentement et c’est ce qui me plaît : cultiver de profonds échanges via messagerie avec d’autres auteur(e)s.

Allez savoir si certains quatre-mains ne naissent pas comme ça !

Vous avez poussé la créativité en écrivant ce livre jusqu’à publier prochainement les livres écrits lors du concours d’écriture proposé par Antiope, quelle est la suite ?

CL : Les personnages participent à un concours d’écriture et ils sont concurrents.

Il nous a donc paru pertinent de faire découvrir aux lecteurs les projets d’écriture qu’ils développent.

J’ai écrit le livre attribué au personnage de Hugo Langman, Strapontin pour une marguerite, il est déjà sorti, en version mobi, epub et broché.

Un autre livre : Il faut beaucoup d’hommes pour faire une femme, est en cours de finalisation, il est écrit par Antony et une autre auteure. Quant à une suite au Dernier roman, qui sait ?

AA : Toujours sur le principe de l’histoire dans l’histoire, je revendique mon côté Victoria Katerine !

Le roman que notre héroïne rédige au concours d’Antiope, a été écrit à quatre mains avec une jeune auteure, Elise Veith.

Ainsi, dans « Le dernier roman » se trouvent quelques pages d’ « Il faut beaucoup d’hommes pour faire une femme ».

Il s’agit d’une romance racontant un épisode de la vie d’une femme, disons, à un âge de transition.

La sortie est prévue au second semestre 2018, j’espère qu’il ne s’agira pas de mon dernier roman !

Le dernier Roman est disponible en version papier et numérique sur Amazon Cliquez ici et dans les librairies citées plus haut. En version papier à la FNAC Cliquez ici

Consultez notre rubrique Salon de lecture et notre rubrique interview

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