A l’occasion de l’assemblée générale du SNE et de la nomination de Vincent Montagne au poste de président du SNE, Aurélie Filippetti, Ministre de la Culture et de la Communication s’est adressée aux éditeurs et aux professionnels du livre. Elle en a profité pour clarifier sa politique et sa vision du livre numérique.
La Ministre prend acte « des fortes tensions qui agitent le secteur culturel ». Elle réaffirme l’importance des éditeurs à l’ère du livre numérique et pointe du doigt « l’activisme des grandes entreprise technologiques ». Celles-ci cherchent à établir un contact direct avec les auteurs en se passant d’intermédiaires. Amazon est bien entendu la première visée. Aurélie Filippetti « ne partage pas ce point de vue » et le pense même « utopique ».
La Ministre rappelle également les devoirs des éditeurs en tant que maillon principal de la chaine du livre. La solidarité est « un devoir » et si la vision des éditeurs va dans ce sens, ils auront le « soutien attentif de l’État et du ministre de la culture ». L’une des prochaines actions du gouvernement et de la Ministre sera d’aligner rapidement, dès cette année, la TVA sur le livre numérique sur celle des livres imprimés malgré la menace d’une procédure d’infraction de Bruxelles. Elle a d’ailleurs ajouté : “La France maintiendra et défendra sa position, car elle est dans la logique de l’avenir numérique des industries culturelles. Je fais remarquer que nous n’aurons plus, alors, que 2,5 points de différentiel avec le Luxembourg.”
En contrepartie, la Ministre invite les éditeurs à répercuter cette baisse de la TVA sur les ebooks. Les lecteurs sont aussi pris en compte. Elle dresse un portrait réaliste de la situation actuelle sur les prix des livres numériques. « Des efforts ont été faits par certaines maisons, qui donnent le bon exemple. Mais le mouvement est trop faible et peu visible. Même si le marché du ebook tarde à décoller chez nous, nous devons pleinement jouer le jeu, sans demi- mesure. Sans quoi le soupçon s’installera, nos arguments seront affaiblis et votre image sera ternie. ».
Aurélie Filippetti n’oublie pas les auteurs et appelle les éditeurs à être plus audacieux suite à l’échec des négociations entre le Conseil permanent des écrivains et le SNE sur le contrat d’édition : « je crains que vous n’entriez dans l’ère du soupçon pour n’avoir pas été assez audacieux sur le niveau des rémunérations servies aux auteurs en matière de droit numérique. Les taux sont trop faibles, à l’évidence, et avivent le désir des auteurs de négocier séparément l’exploitation papier et numérique ; vous savez, comme moi, qui se tient en embuscade. ».
Aurélie Filippetti réaffirme son attachement à la loi sur le prix du livre numérique et évoquent les « agissements contraires d’Amazon » sur ce point. Elle clos son intervention par cette phrase : « En toute connaissance de cause et pour le bien du public, sachons faire bon usage de ces nouveaux territoires. ».