Episode 4 : Comment lire un manga ? Dans quel sens ?

comment lire un mangaVous pensiez y échapper ? C’est raté, me revoici avec ma chronique manga. Aujourd’hui quelques pistes pour apprendre à lire un manga.

Tout d’abord le sens de lecture d’un manga. Le livre s’ouvre à l’envers, donc reliure sur la droite et lecture de la dernière page à la première. Chaque page suit un ordre précis comme montré ci-dessous :
La raison est simple, il s’agit d’un des sens de lecture du japonais (oui, ils sont compliqués et ont en effet plusieurs sens de lecture de leurs idéogrammes).

Les éditeurs européens et les versions FR ont décidé de conserver le sens original. Cela vous paraît dur, mais après quelques pages, cela vient naturellement.

Certains volumes proposent une planche mode d’emploi qui est parfois en début ou en fin de livre. Je vous avais prévenus, un manga se tripote, n’hésitez pas à tourner les pages.

Du noir et blanc et de nombreux tomes

Autre particularité, la majorité des mangas sont en noir et blanc. Tristounet non ? En effet, il s’agit d’une contrainte héritée de l’après seconde guerre mondiale.

Publiés dans des revues à un rythme de parution élevé, il fallait non seulement tenir les délais de publication, mais aussi réduire les frais au maximum.

Cela n’empêche pas les mangakas de faire passer toute une série d’informations et même d’émotions grâce à un système de codification très complexe que je vous expliquerai.

Les premières pages sont parfois colorisées afin d’attirer le regard : c’est l’accroche. Avant de vous lancer dans l’achat d’un manga, vérifiez le nombre de tomes. Contrairement à une BD ou un roman, les tomes sont “indissociables”.

Dans une saga, une histoire de départ peut être suivie d’une suite, mais l’histoire se suffit à elle-même. Si vous n’avez pas aimé, vous n’irez probablement pas acheter les livres suivants. Dans un manga, après le premier volume, vous ne savez encore rien de l’histoire. Cela peut être une simple introduction des personnages, de l’histoire.

Chaque volume correspond en fait à un chapitre, donc pour commencer n’allez pas acheter un manga qui fait 30 tomes (Death note est un exemple de manga court : 12 tomes tout de même). Cela fait un sacré paquet de livres à acheter ! Vous comprenez maintenant pourquoi votre enfant est déçu si vous n’achetez qu’un tome.

Les auteurs nous mènent-ils en bateau afin d’augmenter les ventes ? Tant de pages pour ne rien dire ! C’est là que notre esprit européen nous dessert. Qu’est-ce que nous allons vite, dans notre vie et dans nos lectures. Trop vite du reste. Le dolce farniente n’existe plus.

Et pourtant, prendre son temps est riche d’expérience et de sensations. Le rythme de lecture d’un manga est différent et si vous le lisez comme un roman, vous n’allez pas aimer et vous allez passer à côté de plein de choses.

La narration et le découpage du temps sont plus contemplatifs, le cadrage est différent. A l’inverse certains mangas utilisent l’art de la décompression : une multiplication de l’image associé à un découpage plus rythmé. Un manga se rapproche plus du langage cinématographique et suit sa cinétique.

Certaines actions sont décomposées afin de les suspendre dans le temps et évoquer le flash-back ou favoriser la réflexion. Un manga s’intéresse également à la psychologie du personnage et à ses émotions, même si à première vue, votre œil de novice ne verra que l’action, voire la violence de certaines scènes.

Les otakus adorent suivre l’évolution de leurs personnages et entrer dans leur intimité : connaître leurs rêves, leur quotidien, leurs doute … tout cela viendra noircir quelques pages savamment insérées entre les actions.

Flash-back

Certains l’auront remarqué, un manga peut contenir des pages à fond noir sur lesquelles se détachent les vignettes. Il s’agit d’un code pour vous faire comprendre que ce qui y est décrit appartient au passé (flash-back) ou au domaine du rêve, de la réalité alternative. Un fond dégradé entre le noir et le blanc nous indique que nous quittons un espace temporel et pénétrons dans un autre. Ces fonds seront donc présent avant et après chaque flash-back, chaque rêve. C’est fou non, tout ce qu’on peut faire en noir et blanc ?

Je pense vous avoir assez saoulé pour aujourd’hui. Demain, nous verrons les codes graphiques, les expressions du visage et les bruitages et onomatopées utilisées. Vous verrez, c’est tellement passionnant que même sans aimer les mangas, il vous sera impossible de dénigrer cet art. 

Pour lire les autres tribulations de Yasmina au pays des mangas c’est ici

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