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Exclusif – Censure Apple – Izneo : « des seins, des sexes, des gens qui font l’amour, bref la vie »

Censure Apple Izneo Ebooks BD IDBOOXJeudi IDBOOX révélait qu’Izneo la plateforme proposant des bandes dessinées numériques avait été contrainte par Apple de censurer 40% de son catalogue jugé « pornographique » (lire notre article). Ainsi, les albums de Blake et Mortimer, XIII ont été retirés de la vente sous peine de suspension totale de l’application.
Thomas Cadène,  du collectif d’auteurs de la série BD «Les autres gens» (Editions Dupuis) fait partie du lot. Les 8 albums de la série sont indisponibles l’appli Izneo iPad en numérique.
T. Cadène nous accordé une interview et nous éclaire sur cette affaire.

Les Autres gens c’est porno pour vous ?

Je comprends Iznéo, il y a effectivement dans Les Autres Gens tout ce qu’Apple ne veut pas voir : des seins, des sexes, des gens qui font l’amour, des gens qui ne font pas l’amour mais qui sont nus quand même, bref, la vie.
Ce n’est pas pornographique, ça s’inscrit simplement dans une tradition européenne qu’on trouve aussi bien au cinéma, dans la BD et dans la littérature, de montrer ou dire ces choses-là de manière assez naturelle, frontale.

Vous avez été surpris par l’injonction d’Apple ?

Disons plutôt que j’étais assez surpris que jusqu’ici ça passe. Izneo n’avait  pas le choix.
Quand on a créé Les Autres Gens qui étaient, je le rappelle, d’abord un projet numérique qui existe toujours sur le site lesautresgens.com, on avait pensé tout de suite à une appli pour les smartphones (c’était en 2010). Je m’étais renseigné et on avait eu des discussions assez avancées avec un acteur important de la conception d’appli pour la BD. Quand ils avaient commencé à creuser la question du contenu ils avaient tout arrêté en me disant : “ça ne passera jamais, ils refusent la moindre nudité qu’elle soit ou non sexuelle”.
Je pensais que ça s’était calmé.
Il semble bien que non.

Aujourd’hui si on ne passe pas par Apple on est mort ?

Et c’est ainsi que le principal distributeur de produits numériques payants est aussi leur premier censeur. Un peu comme si les trois quarts des libraires décidaient de refuser de vendre des BD avec le moindre bout de fesse. Autant dire que le marché s’effondrerait aussitôt et que le niveau et la liberté de la création s’en ressentirait assez fortement.
Ça pose une vraie question, un peu comme avec Facebook qui a un peu les mêmes pudeurs puritaines de l’impact global de ces mastodontes économiques à visée hégémonique.
Dans l’absolu on se dit “après tout ce sont des entreprises privées, elles font bien comme elles veulent”… Oui, sauf que dans ces modèles balbutiants, qui changent très vite, la concurrence est rapidement une illusion, un modèle domine quasiment systématiquement pendant au moins une période. Aujourd’hui, si on n’est pas sur l’app store on se coupe d’une énorme partie d’un marché du numérique. C’est simple. C’est comme un pays ou un continent entier (certes privé, ici) qui dirait “tu ne peux pas entrer sur mon marché non pas parce que tu es illégal mais parce que tu montres des fesses et que je veux pas”.
Quand ça arrive avec la Chine pour des motifs politiques ou avec tel ou tel autres pays très religieux on est un peu consterné pour l’état de leur liberté et on leur souhaite d’évoluer vite.
Là, on trouve ça ridicule mais leurs produits sont tellement cools…

Tout ça n’est-il pas hypocrite ? A l’heure où nous entretenons « Les Autres gens » sont disponibles sur la librairie Apple, iBooks dans Collectif mais pas dans l’appli Izneo ?

OUI !  Tout ça pose quand même de nombreuses questions à la fois sur nous, sur la production de normes par des entreprises, sur l’impuissance (normale ou pas) du pouvoir politique, économique etc. C’est intéressant de voir qu’Apple semble répondre favorablement à une exigence du pouvoir politique Chinois pour censurer mais que nos politiques ne peuvent pas imposer un minimum de “limites” en matière de censure
Après il faudrait creuser mieux, je croyais qu’Apple, en développant son service “adulte” ou -17 ou je ne sais plus ce que c’est, bref, je croyais qu’ils avaient enfin assoupli leur approche.
Enfin on peut souligner que pour la distribution de film via iTunes ou les catalogues Canalplay par exemple, ils ne sont pas aussi frileux.

Tout ça est d’autant plus rageant qu’on parle d’appli qui fonctionne sur des comptes donc des moyens de proposer des filtres d’âges. ( L’iPad lui-même fonctionne sur des comptes déjà tellement intrusifs qu’ils pourraient contrôler assez facilement tout ça).
Et puis c’est amusant de se dire que ça fonctionne pour l’image, comme si le texte n’avait aucun pouvoir érotique ou subversif, c’est une approche tellement basique.

 

2 COMMENTS

  1. Je crois que personne ne c’est assez renseigné dans cette affaire pour ce faire une opinion. Si vous voulez bien j’aimerais vous réexposer ce que l’on sait : Toutes les Bd d’Iznéo sont disponible sur iBookstore. Le contenu d’ibookstore est locale suivant chaque pays. L’appstore par contre a un contenu mondialisé, c’est l’app d’Iznéo qui est incriminée et pas les livres vendus à l’unité. Iznéo comme tout développeur a signé un contrat avec Apple, une des clauses dit qu’ils ne veulent aucune représentation sexuelle. Cette clause existe depuis l’ouverture de l’appstore. Elle n’existe pas exactement dans les même terme sur l’ibookstore qui est un peu plus permissif. Notez bien que toutes les boites US ont ce genre de clause: amazon, facebook etc… Iznéo n’a pas respecté son contrat de développeur et a laissé passer dans l’app disponible aux USA un contenu explicite disponible aux enfants sans aucun avertissement. Dans cette Affaire Apple n’a mentionné aucun titre, laissant le tris être fait par Iznéo; ceux qui sont les mieux placé pour connaître leur catalogue. Iznéo a réagit dans l’urgence sans vérifier son travail en supprimant d’eux même la moitié de leur catalogue (d’aucun dirait qu’il ont surréagit ou paniqué, Apple n’en demandait certainement pas tans). Depuis Iznéo se sont mis à lire les livres et les réintègrent au cas pas cas. Maintenant on peut toujours gloser inutilement sur le puritanisme avéré ou non des anglo-saxons. Mais une chose est sûr, sans ces clauses, ce sont des procès de consommateurs américains et d’associations de protection de l’enfance chaque semaine pour ces boites… Je ne tiens pas particulièrement à me faire l’avocat du diable. Je cherche à replacer les choses dans leur contexte avec le maximum de données objectives. Il me semble qu’au final on a plus un choc des cultures qu’autre chose. CE qui est sûr c’est qu’Iznéo a perdu de l’argent. Mais que ça aurait pu être pire pour cet intermédiaire qui vient se placer comme prestataire de service informatique entre l’éditeur et le distributeur. Ce genre de prestataire à une position très délicate, un intermédiaire ça se remplace. Ce que je retiens : Si je veux que mes bouquins apparaissent en numérique chez Apple sans que je m’autocensure, il faut les proposer sur l’ibookstore. Iznéo est une boite qui sait très bien jouer sa comm’ quand bien même ils sont les petits face au gros Apple.

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