Tamara Kostianovsky, artiste de renom, expose ses œuvres au Musée de la Chasse et de la Nature jusqu’au 3 novembre 2024.
Baptisée « La Chair du Monde, elle présente ses sculptures uniques réalisées entièrement en tissu.
Pour exprimer son art, la plasticienne ne se limite pas à recycler des vêtements ou des textiles usagés. Elle pratique l’Upcycling de manière très personnelle et donne au coton une nouvelle vie, riche en symboles, en poésie et en messages puissants.
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— IDBOOX (@IDBOOX) April 25, 2024
La Chair du Monde : le récit d’une vie à travers l’art
Née en Israël, Tamara Kostianovsky a ensuite déménagé avec ses parents en Argentine où son père était chirurgien plastique. Adulte, elle a émigré aux États-Unis, où elle réside actuellement.
Enfant, elle était fascinée par le travail de son père qu’elle adorait. En 2000, à l’âge de 26 ans, elle quitte l’Amérique du Sud alors que l’Argentine traverse une crise économique dramatique. La dévaluation affecte les finances de l’artiste.
Bloquée aux États-Unis et sans argent, sa vie et son art prennent un tournant décisif lorsqu’elle est au lavomatique.
Le lavomatique comme catalyseur
Suite à un séchage trop intensif, ses vêtements rétrécissent. Ils deviennent inutilisables et l’art de Tamara Kostianovsky voit le jour.
Elle commence par travailler le tissu, uniquement des vêtements usagés, pour les sculpter. Puis, à la mort de son père, elle décide de conserver sa garde-robe non pas pour la laisser dans une penderie, mais pour l’utiliser comme médium. Avec un respect infini, elle réutilise ses pantalons, chemises, manteaux, pour lui rendre hommage en les sculptant.
Depuis, Kostianovsky utilise ses propres vêtements, ceux de ses enfants, de ses amis, sans jamais acheter un bout de tissu. Elle sublime le médium en proposant des œuvres complexes et atypiques.
Des carcasses, des oiseaux et des arbres : les symboles de l’art de Kostianovsky
Tamara Kostianovsky sculpte inlassablement les textiles. Chaque pièce, qu’elle soit monumentale ou de petite taille, est un symbole. Elle distille ses messages.
Par exemple, pour l’installation commandée par le musée, elle recrée une forêt d’arbres géants morts mais « toujours vivants ». Elle y transpose les blessures du corps et de la nature.
Ses carcasses se balancent sur des crochets de bouchers, faisant allusion à la viande argentine. Elle met en opposition la fierté bovine du pays et dénonce la dictature, les victimes de Pinochet, mais aussi la domination de l’homme sur la femme, les féminicides…
Néanmoins, l’artiste n’est jamais dans le morbide. Des perroquets disséminés ici et là redonnent l’espoir d’un monde meilleur, d’une renaissance, et d’une nature que l’on peut préserver.
Puis viennent ses toiles lumineuses et majestueuses, toujours créées à partir de tissu. Elles mettent en lumière la nature des tropiques et de l’Amérique du Sud. Là encore, Tamara pointe du bout de son aiguille la colonisation et ses dérives.
La Chair du Monde : une exposition incontournable
La Chair du Monde est une exposition à voir absolument pour découvrir de nouveaux horizons et une autre façon de proposer de l’art contemporain.
Tamara Kostianovsky est une artiste au grand cœur, une grande artiste ! Cette première exposition institutionnelle rend hommage à son travail en nous laissant entrer dans son intimité, sa mémoire et ses blessures. Ses trompe-l’œil, d’une beauté saisissante mais trompeuse, suscitent à la fois fascination et parfois répulsion.
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