C’est du jamais vu, ou presque, Amazon.com est en guerre ouverte avec Hachette Book Group, l’un des plus grands groupes d’édition du monde. L’objet de la bataille est relatif aux négociations en cours pour obtenir de meilleures marges sur le prix des livres.
Depuis trois semaines, le bras de fer persiste et prend de l’ampleur (lire nos articles).
Au lieu de rester silencieux comme à son habitude, Amazon, réagit et explique à ses clients sur son forum ce qui se passe entre HBG et le site de vente en ligne.
La lettre aux lecteurs
« Actuellement nous achetons moins de stock sur les titres de l’éditeur, Hachette, et nous ne prenons pas de pré-commande sur les livres dont les dates de publication sont dans le futur. Les clients peuvent commander les nouveaux titres lorsque leur date de publication arrive à échéance [Ndlr : Amazon a retiré les boutons de précommande sur les A paraître des livres Hachette]. Pour les titres sans stock , les clients peuvent toujours passer une commande, la disponibilité sur ces titres dépend du temps qu’ Hachette prendra pour honorer les commandes que nous lui envoyons. Une fois les stocks arrivés, nous livrerons les livres aux clients sans délai. Ces changements sont liés aux discussions et aux termes du contrat entre Hachette et Amazon ».
La firme de Jeff Bezos poursuit : «Chez Amazon, nous travaillons avec plus de 70 000 fournisseurs, y compris des milliers d’éditeurs. L’un de nos fournisseurs importants est Hachette, il fait partie d’un conglomérat de médias de 10 milliards de dollars. Malheureusement, malgré des négociations acharnées des deux côtés, nous avons été incapables de parvenir à un accord mutuellement acceptable. Hachette est de bonne foi et nous admirons la société et ses dirigeants. Néanmoins, nos deux sociétés ont jusqu’à présent échoué pour trouver une solution. Pire encore, nous gardons l’espoir et travaillons dur pour arriver à une solution dès que possible, mais nous ne sommes pas optimistes et nous ne sommes pas sûrs que le problème sera bientôt résolu entre nos deux sociétés. »
Amazon poursuit sa longue missive
«Négocier avec les fournisseurs pour obtenir des conditions équitables de stock est l’une des missions les plus importantes pour un libraire et n’importe quel détaillant. Les fournisseurs doivent arriver à décider des conditions dans lesquelles ils sont prêts à vendre leurs produits à un détaillant.
C’est réciproquement le droit d’un détaillant, de déterminer si les conditions proposées sont acceptables. Un détaillant peut décider de mettre en avant les produits d’un fournisseur et intégrer ceux-ci dans sa politique publicitaire, garder du stock ou alors décider de ne pas le faire du tout. C’est ce que font tous les libraires et détaillants tous les jours.
Lorsque nous négocions avec les fournisseurs, nous le faisons au nom de nos clients. Négocier des termes acceptables est une pratique commerciale essentielle au maintien d’un service exemplaire pour les clients à moyen et à long terme ».
Un impact de 11 pour 1000
Amazon mesure alors l’impact sur les clients : «Un mot sur l’impact de cette interruption. Cette situation affecte un petit pourcentage du nombre de commandes comparé aux ventes globales d’Amazon. Si vous commandez 1000 articles sur Amazon, 989 produits ne seront pas affectés par cette interruption avec Hachette ».
Sorry pour la gêne occasionnée
Aux USA lorsque que quelque chose ne tourne pas rond entre un client et un commerçant l’expression consacrée est : « Sorry about that ».
Amazon ne déroge pas à la règle et poursuit : « Si vous avez besoin d’un des livres de l‘éditeur rapidement, nous nous excusons de la gêne occasionnée et vous encourageons à acheter une version neuve ou d’occasion de l’un de nos vendeurs tiers ou de l’un de nos concurrents. Nous prenons également au sérieux l’impact d’une telle interruption d’activité qui affecte les auteurs. Pour atténuer l’impact de ce conflit sur des droits d’auteurs, nous avons proposé à Hachette de participer à hauteur de 50% à un fond. Hachette pourrait financer les 50% restant. Nous l’avons fait avec l’éditeur Macmillan il y a quelques années. Nous espérons qu’Hachette acceptera cette proposition».
Hallucinant !
Vous conviendrez qu’il est rarissime que ce genre de conflit soit déballé de façon aussi incroyable sur la place publique. Amazon qui ne communique jamais sur les problèmes lave son linge en famille et implique le consommateur, le prend à témoin.
Reste à savoir maintenant comment vont réagir, Hachette, les auteurs et les lecteurs !
Voir aussi la réaction de la Ministre de la Culture et de la Communication
Personnellement je n’ai jamais de souci de stock pour l’achat de livres, vu que je ne les prends qu’en numérique…
Mais je comprend les problématiques, et quand je vois des livres numériques à 15 euros, je me dis que le prix fixé par l’éditeur, ça peut être dangereux pour le consommateur.
Alors que d’autres éditeurs vendent leurs livres numériques entre 5 et 10 euros, ce qui est plus acceptable…
Certains auteurs vendent même de très bons livres numériques auto-édités à 2 ou 3 euros pour des livres de 700 pages, alors quand à côté pour 350 pages le livre est à 13 euros, moi je passe…
A mon sens un livre numérique ne devrait pas être plus cher qu’un livre de poche…