Kindle Unlimited, le service de lecture de livres numériques d’Amazon en « illimité » change de nom et s’appelle désormais Abonnement Kindle.

Pourquoi un tel changement ? Et qu’est-ce que cela implique ? 

Amazon s’est mis en conformité avec la loi française suite au fameux rapport Engel (lire nos articles) sur les abonnements en illimité aux livres numériques.

Cette mise en conformité passe par un nouveau dispositif en commençant par le remplacement du nom Kindle Unlimited par Abonnement Kindle. 

Les sociétés spécialisées dans le domaine comme Youboox, Youscribe ou encore Izneo avaient 6 mois pour rentrer dans les clous, Amazon également. Le maître mot pour être conforme est: l’éditeur est maître, il fixe le prix des livres numériques qu’il publie !

Voici les principes de bases établis pour qu’une offre d’abonnement aux livres numériques soit conforme :

• le prestataire d’abonnement acquiert les droits d’exploitation des livres et en fixe le prix en tant qu’éditeur ;

• chaque éditeur fixe un prix pour son offre de livres et le montant de l’abonnement est la somme de ces prix individuels à laquelle s’ajoute les frais d’accès à la plate-forme ;

• l’abonnement acquitté par les clients abonde mensuellement un compte sur lequel est prélevé le prix de chaque consultation individuelle établi par l’éditeur, dans la limite des crédits disponibles.

Chaque service d’abonnement a donc travaillé pour être adoubé et surtout être conforme à la loi sous peine de fermer ses portes.

Amazon était resté silencieux, n’a pas réagi aux directives gouvernementales lors de l’annonce de la nécessaire mise en conformité, mais a respecté les 6 mois imposés par le gouvernement français pour que chaque service se mette en conformité, ce délai est arrivé à échéance le 9 décembre.

Kindle Unlimited VS Abonnement Kindle

Alors que propose Amazon à ses clients ?
Premièrement le prix de l’abonnement ne change pas, le sésame pour lire des ebooks en grand nombre est fixé à 9.99 euros.

A noter qu’Amazon ne parle plus de lecture « illimitée » puisque ce n’est plus le cas.
Le message aux clients est le suivant : « L’Abonnement Kindle vous donne la liberté de découvrir. Essayez de nouveaux genres, testez de nouveaux auteurs, et plongez dans de nouvelles aventures avec un accès à plus d’un million de titres, dont plus de 25 000 en français. ».

Si rien ne change pour le lecteur final, une chose est sûre, les choses changent pour la rémunération des auteurs indépendants et les éditeurs. Ils doivent maintenant déterminer un prix à la page s’ils veulent entrer dans le programme Abonnement Kindle.

Alors quid des auteurs autoédités ?

0.0001€, 0.0002€, 0.0003€

Certains auteurs autoédités décident d’entrer dans le programme KDP Select. Ce programme donne en théorie certains avantages aux écrivains indépendants. Mais surtout, en entrant dans KDP Select on accepte de facto d’être lu dans Kindle Unlimited / Abonnement Kindle.
Et là, surprise !

Amazon a contacté ces auteurs, Jean Baptiste Viet, nous a transmis ce message reçu de la part d’Amazon: « Le 9 Décembre 2015, notre programme Kindle Unlimited a été légèrement ajusté en France. Ne vous inquiétez pas, ces changements n’impactent pas votre rémunération.
Premièrement, il est maintenant appelé « Abonnement Kindle » en France.
Deuxièmement, selon le nouveau système mis en place à la suite des recommandations du médiateur du livre, les abonnés résidant en France achètent des crédits de consultation lorsqu’ils payent leur abonnement.
Ces crédits sont mutualisés entre tous les abonnés résidant en France, ce qui permet de laisser aux abonnés vivant en France la possibilité de lire un très grand nombre d’ebooks inclus dans leur Abonnement Kindle »

Résultat, chaque auteur / éditeur est invité à fixer son prix à la page : 0.0001€, 0.0002€, 0.0003€. Jusqu’à présent, les auteurs touchaient 0,005 € par page lue, il y a donc un différentiel avec le prix proposé dans la nouvelle formule.

Selon notre témoin auteur, ces modifications ne vont pas entraîner de grands changements dans la rémunération des Indés car Amazon devrait compenser ce prix avec le fonds mondial dédié aux auteurs (12.4 millions $ en octobre 2015).

La décision de rémunérer les auteurs à la page lue n’est pas nouvelle, ce qui est nouveau, c’est le montant échelonné de fixation du prix de la page par les auteurs eux-mêmes. 

Et les éditeurs ?

Si les auteurs indés doivent fixer leur prix, les éditeurs aussi doivent le faire puisque certains ont accepté d’entrer dans le programme Kindle Abonnement (ex KU). Quel est ce prix ou quels sont ces prix ?

Amazon a publié une information à l’attention des lecteurs afin qu’ils sachent à combien les éditeurs ont fixé le prix de la page lue.

Pour rassurer le client Amazon explique : « À la suite des recommandations du Médiateur du Livre relatives aux services de lecture de livres numériques par abonnement, les éditeurs établis en France ont fixé un prix à la page pour leurs ebooks disponibles dans le programme Abonnement Kindle.
Ce prix à la page est détaillé ci-dessous pour votre information uniquement.
Ce prix est inclus dans le prix du programme Abonnement Kindle. Les clients n’ont pas à payer les prix ci-dessous en plus du prix du programme Abonnement Kindle. »

En effectuant cette mise au point, le géant du e-commerce poursuit sa politique de “transparence” envers ses clients.

Le prix à la page des éditeurs

Quand on regarde le tableau présenté par Amazon sur le prix à la page fixé par les éditeurs, le moins qu’on puisse dire c’est que celui-ci est plus qu’extensible.

Il faut savoir qu’il y a peu d’éditeurs dans le programme abonnement d’Amazon. Parmi ceux qui y sont entrés, on trouve : Bragelonne, Castelmore, les Éditions Chronique, les Éditions Delpierre, les Éditions du Riez, Griffe d’Encre, Hauteville, Jouvence…

Voici quelques exemples de prix/page concernant ces éditeurs : Pour un livre de moins de 101 pages, le prix est fixé à 0,024 €. Pour un livre de 101 à 200 pages le prix grimpe à 0,033 €.

Mais plus le livre comporte de pages moins le tarif est élevé. Par exemple : Pour un livre de 201 pages à 300 pages, le prix à la page est fixé à 0,023 €, là encore la différence est importante.

Et elle baisse pour un livre de plus de 500 pages à 0,011 €, mais le prix est « compensé » par le nombre de pages. Le ROI sera-t-il au rendez-vous ? On est en droit de se poser la question quand on sait que le taux moyen de lecture d’un livre numérique est d’environ de 10% de la totalité du livre !

Mais d’autres éditeurs ont choisi des rémunérations bien plus basses qui s’apparentent aux divers prix à la page proposés aux auteurs indépendants.
Par exemple, La Musardine fixe un prix unique à 0,0002€, Fleurus un prix à la page de 0,001€.

Quant à Eyrolles, c’est un prix à la page en fonction du titre du livre qui a été fixé. Par exemple, le livre « Je crée mon entreprise à l’étranger – Les clés du succès » a été fixé au prix à la page à 0,03627€/page, « J’en ai marre de crier » est à 0,01898€.

Bref, une usine à gaz impressionnante a été mise en place, transparente pour le lecteur certes, mais quel casse-tête pour les gestionnaires de bases données, la reddition des comptes et la rétribution aux auteurs.

Les éditeurs et les auteurs ont sacrément intérêt à écrire de bons livres, pour que le lecteur abonné n’abandonne pas la lecture et chemin. Ils ont également intérêt à proposer des livres avec une pagination modérée pour que ce soit rentable au final !

Reste à savoir si le public va adhérer, car, on aura beau monter des usines à lire, couper les cheveux en 4 ou en 1000, si les éditeurs n’entrent pas plus nombreux dans ces programmes, le lecteur risque de se lasser faute d’un catalogue suffisamment attrayant.

Amateurs, de prise de tête, bienvenue dans le monde merveilleux du livre !