Jean Arcache, PDG de Place des Editeurs* (Groupe Editis) nous a accordé une interview exceptionnelle. Au cours de nos échanges nous avons balayé ensemble divers sujets liés aux mutations du livre qui s’opèrent : Autoédition, Streaming, marketing, futur du livre.
Cette interview se présente en 2 volets dont le second sera publié le 4 décembre (le second volet est à lire ici ). Nous avons intégré des vidéos, pour certaines questions, afin de compléter les propos de notre invité.
Jean Arcache, pour vous le segment du livre numérique est-il en croissance ?
Je ne pourrais m’exprimer pour mes confrères éditeurs mais je peux vous dire que pour Place des Editeurs, le chiffre d’affaires croit de façon constante.
Nous réalisons le chiffre d’affaires le plus important du groupe –hors Pôle Education Référence, plus 45% versus 2013 et l’on prévoit un chiffre plus important encore pour 2015. Au premier septembre 2014, 10% de notre chiffre d’affaires était réalisé en littérature par la vente de livres numérique par exemple.
On parle beaucoup de lecture numérique en streaming, aujourd’hui, les grands éditeurs ont du mal à aller dans ce secteur, où sont les blocages ?
Je pense que la lecture en streaming est un formidable atout notamment pour les personnes francophones qui habitent à l’étranger. Ce modèle permettrait de compenser la politique d’expansion culturelle à l’étranger qui risque de manquer un peu de moyens.
Toutefois, Il y a plusieurs points qui ne sont pas encore suffisamment clairs dans les offres de lecture en streaming présentes sur le marché.
Tout d’abord il y a un aspect légal et nous sommes en train de travailler sur le sujet. Ensuite, il faudrait avoir l’assurance qu’il n’y a pas de dégradation psychologique de la valeur du livre et il ne faudrait pas mettre en danger le concept de prix unique du livre.
Du côté des acteurs français, il faudrait aussi qu’ils proposent leurs solutions hors de nos frontières,. Leurs bases lecteurs ne sont pas assez importantes et donc le potentiel marché est trop réduit.
A propos de streaming et concernant le piratage, le GLN a dénoncé la présence de livres numériques piratés sur la plateforme Scribd, qu’en pensez-vous ?
Il faut que ces acteurs américains balaient devant leur porte s’ils veulent avoir accès à nos contenus.
Nous faisons la chasse aux contenus piratés et nous utilisons notamment le service Attributor et on ne peut nier l’importance capitale du piratage en général qui a structurellement endommagé le marché espagnol.
Nous interviewions récemment John Simenon qui nous expliquait que son père Georges Simenon ne considérait pas le marketing du livre comme un gros mot, pour vous le marketing c’est important ?
Bien sûr que c’est important ! Si on décide de remettre le lecteur au centre de la démarche, qu’on s’adresse à lui directement et qu’on arrive à le mettre en confiance, c’est une forme de marketing nouveau qui est d’accompagner la lecture en amont. Il y a aussi l’importance d’obtenir des avis de lecture avant le lancement du livre en proposant des extraits. Ce marketing relationnel est fondamental.
Et puis, il faut aussi prolonger la vie du livre dans le temps pour ne pas que le livre entre dans l’oubli 3 semaines après sa publication et là le marketing de la relation prend toute son importance.
Le marketing est en redéfinition complète parce que c’est ainsi que l’on défend le mieux l’œuvre des auteurs.
Suite de l’échange en vidéo ci-dessous
(*) Place des éditeurs se compose de 12 marques qui couvrent un large univers éditorial : Acropole, Belfond, Chemin vert éditions, Hemma, Hors Collection, Langue au chat, Le Pré aux Clercs, Lonely Planet, Omnibus, Presses de la Cité, Publishers Square, Solar.
Le volet 2 de l’interview de Jean Arcache est à lire ici