Vers une taxation du livre d’occasion en France

L’idée d’une taxe sur les livres d’occasion circule de plus en plus en France, et elle ne laisse personne indifférent.

D’un côté, il y a les auteurs et les éditeurs qui voient leurs œuvres circuler sans toucher un centime après la première vente.

De l’autre, il y a les lecteurs qui, souvent par souci d’économie ou pour donner une seconde vie aux ouvrages, privilégient les plateformes de revente.

Alors, où placer le curseur entre rémunération équitable et accessibilité culturelle ? (Lire l’étude sur le livre d’occasion).

Vers une taxation du livre d'occasion cette réforme est-elle juste pour le lecteurs ?

Le livre d’occasion a toujours existé

Depuis des siècles les livres d’occasion se vendent sans que personne ne trouve à y redire. Avec le marché du livre en difficulté (voir l’analyse Xerfi), les éditeurs pensent à trouver de l’argent ailleurs.
En 2022, le livre d’occasion représentait un CA de plus de 350 millions d’euros, une manne pour les éditeurs ! 

Pourtant, aujourd’hui, acheter un livre d’occasion, c’est souvent un geste économique autant qu’environnemental.

Qui n’a jamais fouillé dans une librairie d’occasion ou sur une appli pour trouver un roman convoité à prix réduit ?

Mais pour les créateurs, ces reventes successives représentent un manque à gagner. L’idée d’un “droit de suite” pour les auteurs est donc née : une sorte de compensation sur chaque revente. Une autre idée fonctionne depuis plusieurs mois sur la Bourse aux livres avec des don spontanés des lecteurs, vous pouvez voir cela ici.

Les éditeurs et le gouvernement travaillent à la taxation de l’occasion

La ministre de la Culture, Rachida Dati, a exprimé son soutien à cette réforme en soulignant son importance pour protéger les auteurs et éditeurs dans un marché de plus en plus dominé par les plateformes de revente.

Lors du Festival du Livre de Paris, elle a déclaré que cette taxe pourrait être un moyen de garantir une rémunération équitable tout en préservant le prix unique des livres neufs.
De son côté, le Syndicat national de l’édition (SNE) a salué cette initiative, estimant qu’elle permettrait de mieux soutenir la chaîne du livre.

Selon le président du SNE, cette taxe pourrait entraîner une légère augmentation des prix des livres d’occasion, mais il considèrerait que cela resterait un compromis nécessaire pour assurer la pérennité du secteur.

A priori, tous les circuits ne seraient pas toucher par cette taxe. Il s’agirait de plateformes spécifiques : Amazon, Ebay, Vinted, La Bourse aux livres semblent dans le viseur.

Par ailleurs, les auteurs et les éditeurs se réjouissent également d’une prochaine réévaluation du droit de prêt en bibliothèque dont le montant n’avait pas été réévalué depuis son instauration en 2003.

Quels impacts pour les vendeurs et les lecteurs ?

Si cette mesure voit le jour, elle pourrait bouleverser les habitudes de nombreux lecteurs. Pourra-t-on encore chiner des bouquins aux quais de Seine sans voir les prix grimper ?

Les plateformes comme Rakuten ou Momox devront-elles intégrer cette taxe dans leurs tarifs ? Et quid des revendeurs historiques comme Gibert ou des vide-greniers ?

Certaines exemptions sont déjà évoquées pour protéger les bouquinistes et les petits vendeurs, mais le débat reste ouvert.

Quoi qu’il en soit, cette potentielle réforme remet en lumière un enjeu fondamental : comment assurer une juste rémunération aux auteurs tout en préservant l’accès à la culture pour tous ?

Une équation difficile à résoudre, et qui risque de faire couler beaucoup d’encre avant d’être tranchée.
Reste à voir comment elle sera accueillie par les lecteurs et les vendeurs. Affaire à suivre…

Amis lecteurs, que pensez-vous de ce changement qui aura lieu dans un futur proche ?
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