A quelques heures de l’ouverture du Festival du Livre Paris, cette étude risque de provoquer un mini séisme dans la chaine du livre.
Selon une étude réalisée par Vincent Chamouleau du cabinet Xerfi, le marché du livre papier rencontre de sérieuses difficultés et cela ne devrait pas s’arranger.
L’industrie du livre traverse une transformation majeure, portée par l’essor du numérique et des nouvelles pratiques d’achat.
Alors que les ventes de livres imprimés reculent, les formats ebook et audio gagnent du terrain, modifiant en profondeur l’équilibre du marché.
Le déclin des ventes du livre imprimé pour bientôt ?
Les ventes de livres imprimés neufs ont fortement diminué ces dernières années. Elles sont passées de 376 millions d’exemplaires en 2021 à 340 millions en 2024. Cette tendance devrait se poursuivre. En termes financiers, le segment du livre papier devrait perdre 200 millions d’euros, atteignant 4 milliards d’euros en 2027 (hors livre audio).
Quelles sont les causes du déclin du marché du livre papier ?
L’analyste détecte plusieurs raisons à cet état de fait.
L’évolution des pratiques de lecture, avec un lectorat qui s’érode progressivement. (Lire l’étude du CNL).
Autre raison, la montée du marché de l’occasion : un livre de seconde main coûte en moyenne deux fois moins cher qu’un neuf. (Lire les chiffres)
Enfin, la concurrence des formats numériques, comme les ebooks et les livres audio prend de l’ampleur.
Le boom des livres numériques et des livres audio
Le segment des ebooks devient un véritable moteur de croissance. Représentant déjà 10% du chiffre d’affaires des éditeurs et 3% du marché total du livre, il devrait progresser de 3,5% par an jusqu’en 2027, selon scénario Xerfi. Cette expansion est portée par différents facteurs :
-Une accessibilité accrue via liseuses et smartphones.
-Un catalogue de titres en ligne en pleine croissance.
-Une adoption croissante des Français : la part des lecteurs de livres numériques a gagné 5 points depuis 2019, atteignant près de 30% aujourd’hui.
Du côté des livres audio, le lancement de la plateforme Spotify sur ce segment en octobre 2024 ouvre de nouvelles perspectives. Ce format séduit de plus en plus d’utilisateurs adeptes de la consommation en streaming.(lire les chiffres Audible)
Qui tire profit de ces évolutions ?
Les nouvelles pratiques de lecture et d’achat bénéficient avant tout aux grands distributeurs. La répartition des ventes de livres physiques est la suivante :
– 28% pour les grandes surfaces culturelles (Fnac, E.Leclerc, Cultura).
– 24% pour les librairies indépendantes et en réseau.
– 22% pour les sites de e-commerce (Amazon, Cdiscount).
– 18% pour les grandes surfaces alimentaires (Auchan, Carrefour…).
Les grandes surfaces culturelles en particulier profitent de cette dynamique. Elles enregistrent une hausse de 1% de leurs ventes l’année dernière.
Les librairies face au défi du numérique, Que faire ?
Avec près de 68 000 nouveautés publiées chaque année, les 2 500 librairies françaises peinent à suivre le rythme. Pour rester compétitives, l’analyste estime qu’il faudrait activer plusieurs leviers.
– En proposant des espaces conviviaux (cafés littéraires, rencontres avec auteurs).
– En diversifiant leur offre (papeterie, jeux de société, produits culturels).
– Il faudrait aussi développer leur présence en ligne et sur les réseaux sociaux ou encore s’appuyer sur des plateformes de click & collect.
Quelle perspective pour 2027 pour le marché du livre?
D’ici 2027, le marché du livre (hors livre audio) se contractera pour atteindre 4,2 milliards d’euros, contre 4,4 milliards en 2024.
Pourtant, les acteurs capables de s’adapter à ces nouvelles tendances pourraient non seulement se maintenir, mais aussi prospérer dans ce paysage en pleine mutation en se réinventant.
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