La bande dessinée est un segment éditorial très apprécié par les petits et les grands. Avec le numérique, plusieurs expérimentations sont faites pour porter la BD sur écran.

David Revoy, est un passionné de bandes dessinées, il est aussi un peu Geek. Avec Pepper & Carrot, il propose aux éditeurs de repenser le 9ème art pour produire de contenus différents et en open source. 

Il s’adresse aux lecteurs, le projet Pepper&Carrot est financé par ses lecteurs venant du monde entier et également aux professionnels pour proposer une autre voie à une industrie en crise.
D Revoy nous explique son projet dans cette interview.

Comment vous est venue cette idée ?

J’ai toujours dessiné des BD dans mon coin. Un hobby que je gardais précieusement en marge de mon travail d’illustrateur.

Un dimanche soir d’Avril 2014 particulièrement calme, J’ai fait un speedpainting (une peinture numérique à la tablette graphique ).

J’ai enregistré ce qui ce passait à l’écran par coïncidence ce jour-là. 
J’avais là une petite sorcière, un chat, une scène… La semaine qui a suivi j’ai ajouté d’autres cases et cela a formé une petite histoire.

L’épisode 1 est né ainsi. Ce petit projet personnel a eu beaucoup de succès, alors j’ai décidé de faire un épisode 2.
Puis 3, puis 4… Ce mois-ci, je fais l’épisode 13. L’audience me porte par son enthousiasme.

C’est ainsi qu’est né et continue de grandir Pepper&Carrot ; un pas devant l’autre, très connecté au présent.

Que proposez-vous exactement aux lecteurs et aux éditeurs ?

Pour les lecteurs, je propose pour l’instant douze épisodes à lire sur peppercarrot.com et traduit dans 25 langues.

J’essaie aussi de réaliser un nouvel épisode chaque mois. La BD peut s’afficher en très haute résolution grâce à un bouton ‘HD’.

Pour les éditeurs, plus de 60 pages de BD haute résolution avec les fichiers sources et une licence Creative Commons Attribution permettant -entre autre- l’exploitation commerciale.

Je propose aussi des personnages et un univers populaire et ouvert, intégrant la culture libre et réutilisable.

Enfin tous mes dessins sont réalisés avec des logiciels gratuits et libres sous Linux. Je propose des tutoriels pour aider les jeunes artistes à apprendre mes techniques.

Votre initiative est-elle totalement altruiste où avez-vous un autre projet ? En d’autres termes y a-t-il un business model derrière cette petite carotte ?

Pas de business model, mais une suite de projets qui dépendent du total des micro-donations que je reçois sur  (les projets sont détaillés sur cette page).

Actuellement, ces gains me permettent de couvrir mon loyer et de me nourrir tout en assurant la création d’un épisode par mois. L’audience décidera du futur de Pepper&Carrot.

Mon but n’est pas dans l’enrichissement mais dans un accomplissement artistique personnel et dans la création de quelque chose qui me dépasse, une chouette aventure entre l’audience et moi sur Internet.

Je propose aussi par ce test grandeur nature un nouveau paradigme entre créateur, création et audience, en se passant des intermédiaires superflus.
Une philosophie que j’explique ici 

Et au fait, pourquoi Pepper&Carrot ?

Ce titre (qui est aussi le nom des deux personnages principaux) est né de l’inspiration du moment, une information qui n’est sans doute pas passé par la couche de réflexion.

Ca a sonné. Je l’ai gardé en bouche. Ça n’a plus quitté le projet. Tous les personnages ont ainsi des noms d’épices, de fruits ou de légumes. J’ai Coriandre, Cayenne, Mango, Thym, Cumin. Ces noms parlent dans toutes les langues, et j’aime aussi cuisiner.