Dans le bras de fer qui oppose Hachette Book Group à Amazon, la tension monte tous les jours un peu plus. Amazon.com veut négocier des marges plus intéressantes pour lui et prend l’éditeur Hachette, mais aussi le groupe Bonnier en Allemagne en otage (lire notre article : L’hallucinante lettre d’Amazon à ses clients ).
Jusqu’à présent, cette affaire restait dans le sérail des professionnels, les auteurs ont commencé à prendre position et les lecteurs à réagir. Maintenant ce sont les politiques qui mettent en garde le géant américain.
Dans un communiqué, Aurélie Filippetti, Ministre de la Culture et la communication déclare qu’elle « juge inacceptables les pratiques d’Amazon dénoncées par la presse américaine et par les professionnels allemands. Une nouvelle étape a été franchie par le groupe de vente en ligne. Faire du chantage aux éditeurs en restreignant l’accès du public aux livres de leurs catalogues pour leur imposer des conditions commerciales plus dures n’est pas tolérable. C’est une menace pour les éditeurs mais aussi pour les lecteurs et les auteurs, pris en otage.»
La ministre ne décolère pas et poursuit : « Alors qu’Amazon prétend faire tomber les frontières entre les écrivains et les lecteurs, il entrave aujourd’hui la diffusion de certains livres. Or le livre n’est pas un produit comme les autres ; il est le vecteur des idées et des pensées. En empêchant des précommandes ou en allongeant les délais d’attente, Amazon empêche tout simplement des lecteurs d’avoir accès aux textes de leur choix !
Ces pratiques sont une nouvelle illustration du risque que représente la recherche de position dominante d’Amazon dans tous les pays au prix de pratiques commerciales agressives et destructrices de valeur pour toute la chaîne du livre. »
Etant donné la situation de blocage extrême suscité par ce bras de fer entre Amazon et HBG, A. Filippetti souhaite que : « la Commission européenne puisse exercer toute sa vigilance pour prévenir des situations d’abus de position dominante si celles-ci étaient attestées en Europe. » Elle réaffirme par ailleurs sa volonté de « préserver la richesse éditoriale et la diversité des canaux de vente de livres en France. C’est tout l’objet de la proposition de loi encadrant les frais de port. Il s’agit de réintroduire des conditions d’une concurrence équitable dans la vente en ligne de livres. »