On découvre ensemble une nouvelle écoute avec “Le Jardin dans le ciel” de Romain Potocki publié chez Hardigan & Albin Michel.
Il s’appelle Robert, mais tout le monde le nomme Tistou. Il a 17 ans, vit seul avec sa mère hospitalisée, dans une banlieue dominée par un caïd et ses trafics.
Bègue, pauvre, humilié, le jeune garçon semble destiné à se fondre dans les murs de sa cité jusqu’à ce que Demba, le gardien de son immeuble, lui tende un trousseau de clés.
Direction le toit au 22ème étage sans ascenseur. Là-haut, Tistou se crée un monde fait de fleurs, d’espoir, afin de masquer une autre activité bien plus lucrative : le haschich.
Mais voilà… à force de manipuler des crocus d’automne et des roses chantilly, quelque chose change. Et lorsque Moustache, un ancien légionnaire reconverti en jardinier et Sophie, une libraire fantasque et passionnée, croisent son chemin, c’est tout l’horizon de Tistou qui s’ouvre.
Une initiation bouleversante à la littérature et à la nature où la poésie urbaine côtoie la rudesse du réel, portée par une écriture à la fois rythmée, percutante et profondément humaine.
Un roman d’apprentissage qui pousse entre les dalles de béton, pour fleurir dans nos cœurs
Romain Potocki signe ici un texte atypique, d’une grande sincérité, où chaque mot semble tombé du cœur. Son style, jamais pompeux mais toujours ciselé, donne naissance à un univers sensoriel fort, aux dialogues incisifs et à la musicalité certaine.
Le réalisme brut y côtoie une forme de grâce tout aussi brute. On y pleure, on y rit, on y tremble aussi, tant les rebondissements sont nombreux et les personnages d’une vérité rare.
Sophie, Moustache, Rabiot, Suzanne… tous gravitent autour de Tistou avec cette chaleur discrète des grandes âmes.
Chaque personnage est une pierre posée sur le chemin de son émancipation. Le résultat ? Un roman profondément touchant, qui aborde sans détour les thèmes du déterminisme social, de la différence, du handicap, de l’amour maternel et du pouvoir transformateur de la littérature.
Et côté audio ? C’est tout simplement extraordinaire !
Romain Potocki prête sa voix à certaines parties du récit (prologue et interludes), avec une intensité grave et posée, nourrie de son expérience de reporter. Cette profondeur vient habiter le texte avec beaucoup d’élégance.
Mais c’est surtout Tim Rousseau qui réalise ici une véritable prouesse vocale. En insufflant à Tistou une gouaille unique, parfaitement en phase avec son environnement marseillais, il réussit à lui donner une identité immédiate, attachante, bouleversante.
Il campe avec brio toute une galerie de personnages secondaires, chacun doté d’un ton, d’un rythme et d’une musicalité qui les rendent inoubliables.
Une mention spéciale à Suzanne, dont l’interprétation est tout simplement magistrale.
L’interprétation audio ne se contente pas d’accompagner le texte : elle le sublime. Elle révèle tout le sel, la douceur, et la tension du roman. Un vrai travail d’orfèvre qui confère une dimension supplémentaire à ce récit initiatique. Allez écouter des extraits, vous serez bluffé.
À noter : l’interview en fin d’écoute – réunissant auteur et interprètes – apporte un éclairage passionnant sur la genèse du projet, les choix et l’âme du texte. Une cerise sur le gâteau déjà bien garni.
À lire ? Oui. À écouter ? Mille fois oui. À offrir ? Absolument. Pour acheter ce livre Cliquez ici ou Cliquez ici.
Un roman poignant, lumineux, profondément humain, qui fait du bien autant qu’il fait réfléchir. Le Jardin dans le ciel est un de ces textes qu’on aimerait voir un jour adapté au cinéma… En attendant, laissez-le fleurir dans vos oreilles.
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