Le Mémorial de la Shoah présente l’exposition Riss – Le procès Papon jusqu’au 3 mars 2024.

Ce parcours retrace au travers des dessins du journaliste de Charlie Hebdo le procès en cour d’assises, le seul procès d’un fonctionnaire de Vichy pour crimes contre l’humanité.

Maurice Papon, un procès hors-norme

D’octobre 1997 à avril 1998, Maurice Papon (1910-2007), ex-secrétaire général de la préfecture de Gironde sous l’Occupation, est jugé à Bordeaux.. Il est condamné à dix ans de réclusion pour complicité de crimes contre l’Humanité.

Jusqu’alors, seuls deux procès pour crimes contre l’Humanité s’étaient tenus en France : contre le gestapiste Barbie en 1987 puis le milicien Touvier en 1994, tous deux condamnés à perpétuité.

Avec Papon, grand commis de l’État et ministre sous Giscard d’Estaing, c’est un accusé inhabituel qui se retrouve sur le banc d’infamie.

Mis en cause dès 1981 par Le Canard enchaîné pour son rôle dans la déportation des Juifs de Bordeaux, l’ancien ministre est renvoyé devant la cour d’assises. Cela, 16 ans après le dépôt des premières plaintes…

Premier procès, et à jamais le seul, d’un fonctionnaire de Vichy pour crimes contre l’Humanité, le procès Papon est aussi, symboliquement, le dernier procès de l’épuration.

Après une nuit blanche et 19 heures de délibéré, le verdict tombe : Maurice Papon est condamné à 10 ans de réclusion.

Riss grand témoin du procès

Riss alors dessinateur pour Charlie Hebdo, est le seul journaliste autorisé à suivre dans la salle d’audience, le procès dans sa totalité.

Du 8 octobre 1997 au 2 avril 1998, il vient tous les jours au tribunal. Il assistera aux débats et témoignages qui aideront les jurés à décider du sort du criminel. Inlassablement, il dessine, il produira plus de 600 dessins.

Une soixantaine d’entre eux sont au Mémorial de la Shoah. La scénographie met en avant les autres dessins sur un papier peint déployé dans les salles. 

Des documents et photos complètent l’exposition. Un film de 20mn monté par les Archives nationales en dit plus sur ce procès.

N’oublions pas, le besogneux Papon contribua à la déportation de plus de 1600 juifs bordelais à Drancy ! Mais ce qui frappe le plus dans cette exposition c’est le trait de Riss qui dans les premiers jours chercha à s’imprégner du visage dur et impassible de Papon « qui estimait n’avoir fait que son travail ».

Les caricatures des témoins de moralité sont aussi éloquentes on y retrouve par exemple Raymond Barre ou encore Pierre Mesmer.
Les dessins sont sidérants. Ils nous immergent dans un débat qui résonne aujourd’hui compte tenu de la situation en France et à l’international.
Riss – Le procès Papon est une exposition nécessaire ! Entrée gratuite.
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