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DRM – Ebooks – Pourquoi je refuse les protections contre la copie

Daniel-Ichbiah chronique IDBOOXQu’on se le dise : je n’ai aucune estime pour les pirates à la petite semaine. Ceux qui téléchargent à tout va sans verser leur dû et ont le culot de se donner bonne conscience au passage.

Tous les arguments leurs sont bons pour tenter d’expliquer qu’ils ne seraient pas en train de voler. Je préférerais mille fois qu’ils assument. Qu’ils reconnaissent que le vol, c’est du vol. S’ils assumaient cela, je les dédaignerais moins.

Entre nous, s’il y en a qui veulent pirater des ebooks vendus à 3 ou 4 euros, je les plains… Sincèrement, je les plains. Honnêtement, il serait bon qu’ils retirent les miroirs dans leur salle de bains, car tôt ou tard, on veut l’espérer, quand les dents de sagesse auront fini de pousser, ils réaliseront qu’ils font partie de la société humaine et que celle-ci repose sur l’échange de services. Pirater un ebook vendu à bas prix par un indépendant… Il faut oser !

Nous partons de loin

Certes nous partons de loin. Durant les années d’émergence d’Internet, une certaine philosophie infantile a eu cours. Un grand nombre de ses zélateurs prônaient que tout, sur Internet, devait être gratuit. Résultat : en mars 2000, des dizaines de milliers de start-ups reposant sur ce principe se sont effondrées. De nombreux retraités américains qui avaient donné carte blanche à quelques fonds de pensions ont pleuré amèrement la disparition de leurs économies, mais c’est une autre histoire.

La grande inconnue, c’est comment le créateurs de ces sites Web avaient-ils pu croire qu’ils pourraient bâtir une entreprise à même de payer ses salariés et ses fournisseurs s’ils ne faisaient rien payer ? Avaient-ils appris l’économie en jouant au Lego ?

Malgré cette leçon cuisante de l’Histoire récente, il a malgré tout fallu subir, des années durant, la sempiternelle propagande de ceux qui affirment haut et fort que la musique, les films et autres œuvres de l’esprit devraient être gratuites. Un jour la question a été posée à la chanteuse Tori Amos et elle a eu cette réponse pleine de sagesse :

« Je serais d’accord pour que ma musique soit gratuite le jour où j’irais à la boulangerie et qu’on me dira que le pain est gratuit. »

Tout était dit… Ce n’est pas parce qu’il est facile de voler une chanson, un film ou un livre sur Internet que c’est quelque chose de décent. Voler, c’est prendre ce qui appartient à autrui sans son bon vouloir et sans contrepartie. Qu’il s’agisse d’une chanson en MP3, d’un iPad, d’une place de cinéma ou d’une veste, quelle est la différence ? Une chanson comme un livre appartient à son auteur, à son éditeur… Tout comme un iPad ou un meuble Ikea. S’il n’a pas envie de l’offrir gratuitement, c’est son droit. Celui qui voudrait y redire n’a qu’à nous donner, lui aussi, le fruit de sa production.

Et puis… Ceux qui téléchargent gratuitement à tout va et s’en vantent, j’aime leur poser une question. Accepteriez-vous de travailler pour rien ? Aucun ne m’a jamais répondu oui. Seulement voilà, il faut souvent des dizaines de minutes de discussion pour faire admettre à ces volatiles que voler un album en MP3, c’est du même ressort. Pas facile pour le tout venant de reconnaître qu’il enfreint l’un des principes de base de la société où nous vivons.

Adobe DRM IDBOOX

Pénaliser l’utilisateur honnête

A cette situation du piratage, l’industrie a hélas répondu avec une solution très incommode : les DRM ou codes de protection. Un DRM rend une œuvre sinon impossible, difficile à copier.
Le souci, c’est que ce système a pour effet de pénaliser l’utilisateur honnête. Il est souvent impossible de lire sur une plate-forme donnée ce qui a été acheté sur une autre. Parfois, du fait de certains DRM, il est arrivé qu’on acquière légalement un disque et qu’il ne soit pas possible de le copier pour l’écouter sur son baladeur numérique.

Voilà pourquoi, personnellement, je me refuse à protéger mes œuvres numériques avec des DRM. Et oui… Je me refuse à pénaliser celui qui achète mon livre. Puisqu’il me fait l’honneur d’acquérir mon œuvre, il mérite que je prenne soin de lui.

Entre un écrivain et ses lecteurs, c’est une love story

Alors du coup, certains me disent : faute de DRM, n’importe qui ne peut-il pas copier les œuvres ? La réponse est plus simple. Etrangement, la majorité des gens sont honnêtes, décents, ont une conscience sociale. C’est étrange mais c’est vrai. Il se trouve qu’une majorité de citoyens reconnaissent que quand un travail a été accompli, il est légitime de le rémunérer – étrangement, lors de signatures, j’ai observé que ce respect de la chose créée était particulièrement fort chez les gens de revenu modeste. Comme s’ils étaient particulièrement conscients de ce que cela peut représenter d’avoir réalisé quelque chose. Un livre, ça ne se fait pas tout seul. Cela demande des mois et des mois de labeur. Il y a fort heureusement des millions de gens qui respectent cela.

Voilà. Ce qui est dit est dit. Celui qui veut bien débourser ces 4 ou 5 euros pour acquérir un ebook se doit d’être traité comme un roi. Puisqu’il veut bien consacrer quelques heures de son existence pour s’immerger dans un voyage que nous lui proposons, faisons en sorte qu’il vive une expérience mémorable. Entre un écrivain et ses lecteurs, c’est une love story, mais oui !

Chronique rédigée par Daniel Ichbiah

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6 COMMENTS

  1. C’est triste à dire, mais les DRM comme les clips parfois violents contre le piratage qu’on voit au début de certains DVD ne pénalisent que les gens honnêtes. Les autres bénéficient de versions piratées, déverrouillées, expurgées des éléments désagréables.
    Pirater un livre à 4€, vu le prix qu’on a payé sa liseuse, son smartphone ou sa tablette, c’est admettre qu’on est stupide. Combien faut-il de livres piratés pour justifier cet achat ainsi ? Et en France, que représente 4€ quand le SMIC est à plus de 1000€ ? Qu’on ne me fasse pas pleurer sur la pauvreté du pirate quand il passe son temps sur un iPhone dernier cris comme j’en vois tant. Quand à la prétendue fierté d’être contre le système, de faire une action à l’encontre des majors et des éditeurs forcément méchants, ce n’est qu’hypocrisie. S’ils veulent protester contre ces capitalistes, qu’ils achètent aux indés ! Et si on nationalisait la culture, je suis certains qu’ils seraient les premiers à descendre dans la rue pour protester contre l’uniformisation de la production ET contre les impôts trop élevés.

    En ce qui me concerne, je présente gratuitement une partie de ma production d’amateur, mais, par respect pour ceux qui désireraient vivre de leur plume, par respect de leur travail, du mien aussi (cela prend tout de même des heures à écrire, un livre), je préfère ne pas donner mes livres sans contrepartie.

    http://gruuumsh.deviantart.com/

  2. Je suis d’accord avec vous . La gratuité ne doit venir que de la volonté des artistes ou écrivains pour “faire gouter” leur art. Et cela c’est une facette intéressante de la gratuité, car elle permet entre autres, en littérature de se mesurer à son lectorat. En revanche le vol et le piratage sanctionnent les plus honnêtes. Mais cela est principalement né de la politique “ridicule” des grandes Maisons d’édition qui ont pratiquement aligné les tarifs en ligne aux tarifs papier.

    Christophelucius.fr
    Co-fondateur de monBestSeller

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