Le projet de taxer le livre d’occasion fait son chemin. Jusqu’à présent, les plateformes de revente de livres sont restées assez silencieuses.
Toutefois, Dorian Lovera, co-fondateur de La Bourse aux Livres (plateforme de vente de livres d’occasion), nous a livré son point de vue sur ce sujet à la sortie de son rendez-vous au ministère de la Culture.
La startup parisienne réalise un chiffre d’affaires de 13,5M€. L’entreprise a déjà conquis plus de 2 millions de lecteurs uniques depuis sa création en 2019.
Taxation du livre d’occasion le contexte
La ministre de la Culture, Rachida Dati, a exprimé son soutien à la réforme du livre d’occasion. Elle souligne son importance pour protéger les auteurs et éditeurs dans un marché de plus en plus dominé par les plateformes de revente. Le SNE a fait des propositions, et le Conseil d’État étudie la faisabilité d’une régularisation.
Jusqu’à présent, les acteurs comme La Bourse aux Livres ont été écartés des discussions alors que ce sont eux qui sont dans le viseur.
Le fait de recevoir Dorian Lovera démontre une prise de conscience bienvenue. Cela permet d’entendre tous les acteurs concernés par le livre d’occasion.
Le co-fondateur de la Start-up nous a livré son analyse de la situation et les pistes que sa société envisage de proposer lors des discussions qui s’ouvriront prochainement.
Jusqu’au 22 avril, vous n’aviez pas été contactés par les instances du livre pour parler de ce projet de réforme ?
C’est exact, mais c’est de l’histoire ancienne puisque nous venons d’être reçus par Fleur d’Harcourt, conseillère livre au ministère de la Culture et l’entretien fut positif.
Les acteurs du livre d’occasion ont tendance à rester dans leur coin. Pour moi, il faut au contraire se faire connaître des instances car, après tout, nous faisons partie de la chaîne du livre. Nous sommes ouverts à proposer des alternatives et nous désirons trouver des solutions qui ne soient pas unilatérales.
Ce projet met-il en danger des plateformes comme la vôtre ?
Oui, bien sûr. Les acteurs font croire que taxer le livre d’occasion est le remède miracle. Or, le marché du livre d’occasion est un modeste marché d’environ 350 millions d’euros de chiffre d’affaires, alors que le livre neuf représente plusieurs milliards. Il ne faut pas s’attendre à ce que le marché du livre d’occasion vienne remplacer le livre neuf.
Ce projet masque les difficultés d’un marché qui peine à se réinventer : le manque d’envie de lire, la rémunération parfois trop basse des auteurs… ce sont les véritables enjeux.
Il ne faut pas oublier que le marché du livre d’occasion est aussi une manière de favoriser l’accès à la lecture, sans oublier son impact environnemental. C’est aussi un moteur de création d’emplois !
La Bourse aux Livres n’a pas attendu que la question du livre d’occasion soit abordée pour agir en faveur des auteurs. Parlez-nous de votre initiative.
Nous avons mis en place il y a un an un système permettant d’indemniser les auteurs pour la revente des livres. (lire les détails ici)
C’est l’acheteur qui décide de faire un don au moment de l’achat. Les dons collectés sont affectés au fonds d’aide sociale de la SGDL. Ainsi, la Bourse aux Livres apporte un soutien financier aux auteurs confrontés à des difficultés économiques.
En 2024, ce système a permis de reverser 20 000 € à la SGDL. En 2025, nous estimons que ce fonds atteindra au minimum 50 000 €. C’est une première étape pour contribuer à un cercle vertueux.
Quelles autres solutions proposez-vous pour réguler le marché du livre d’occasion ?
Nous constatons qu’une petite partie des livres revendus par les lecteurs sont récents. Ils se retrouvent parfois en vente sur les plateformes quelques jours seulement après leur sortie. Cela peut être préjudiciable pour l’éditeur et l’auteur.
Nous proposons donc de réfléchir à l’idée de demander aux éditeurs d’ajouter une mention “Interdit à la revente” pour les livres envoyés dans le cadre des services de presse.
Une autre solution serait que les plateformes comme la nôtre retardent la mise en revente d’un livre pendant une durée définie pour les nouvelles parutions.
Enfin, nous pourrions envisager un modèle anglo-saxon comme Author Share, qui redistribue un certain pourcentage des ventes des plateformes adhérentes. Cette solution doit être viable pour les plateformes, car nous avons également des emplois à maintenir.
Bien entendu, ce sont des pistes de réflexion, et nous sommes ouverts à toutes discussions, notamment avec le SNE. Notre objectif commun est de donner envie à davantage de personnes de lire !
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